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été un vaisseau qui croisait dans ces parages pour réglementer la pêche et les méthodes de prendre la vache marine. « La manière de les cerner était entièrement conduite par des habitants français de ces Îles. Elle donnait beaucoup de profits et empêchait la destruction de l’espèce. La meilleure méthode de capturer ces animaux était d’attendre qu’ils se retirassent sur les grèves, leurs petits devenus grands[1] ».

Voici ce que l’arpenteur général, Samuel Holland, dit de ces bêtes en l’année 1765.

« Quand elle est toute petite, la vache-marine pèse environ 50 livres, une bagatelle comparée à la masse qu’elle forme en cinq ou six ans, alors qu’elle atteint 2000 livres. C’est la bête la plus laide qu’on puisse imaginer ; elle a un peu la forme et la couleur d’un crapaud avec une tête de bœuf, sans cornes ; pour oreilles, un très petit trou de chaque côté de la tête. Ses deux défenses d’ivoire, de dix-huit pouces de longueur, l’aident puissamment à grimper sur les rochers et les falaises où elle se repose souvent. Elle se sert aussi de ses longues dents pour arracher du sable les mollusques dont elle se nourrit. Ses yeux sont extrêmement petits et, malgré leur vivacité, ne voient qu’à une distance de vingt verges. Mais ce défaut est compensé par la finesse de l’ouïe et de l’odorat. Elle a quatre nageoires terminées par de petites griffes. Les deux d’avant ont environ une verge de longueur et autant de largeur quand elles sont ouvertes. Celles d’arrière sont beaucoup plus petites. Ces nageoires ont des ventouses d’une substance gélatineuse d’une telle force de succion qu’elles permettent à ce monstre de se traîner sur les rochers et de grimper sur les falaises abruptes, ce qui serait tout à fait impossible

  1. Mémoire de Walter Berry au Lieutenant-Gouverneur Fanning de l’Île du Prince-Édouard, le 30 mai 1787.