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Cette décision du Conseil d’État connue, de nouvelles demandes furent adressées à Sa Majesté. Une concession fut faite en 1731 ; en effet le 28 janvier 1732, Monsieur de Saint-Ovide, Gouverneur de Louisbourg, écrit au Ministre, le Comte de Maurepas : « Le Sieur Harenedé qui a pareillement obtenu un brevet de concession pour vingt ans des Îles de la Magdeleine, n’est point venu cette année, mais il a envoyé son frère pour préparer son entreprise, son Brevet a été enregistré au Conseil Supérieur. » (Série C. II vol. 12. 1732)

Le nouveau propriétaire n’est pas bien pressé de s’enrichir dans l’industrie des huiles, puisqu’il ne paraît pas encore en 1732. « Un commis qu’il avait y a seulement fait faire quelques huilles. »[1]

Cette ridicule manie d’obtenir des concessions importantes pour le seul plaisir d’être richissime propriétaire en Amérique ; ces projets flamboyants d’aujourd’hui qui demain sont abandonnés ; cette main-mise sur les sources de richesse du pays ; ce monopole passif et arbitraire ont toujours nui à l’intérêt général sans être avantageux aux particuliers. Au lieu de provoquer et de créer la vie, on l’étouffe avant de naître. Cette lenteur désespérante et cette criminelle inactivité exaspéraient beaucoup les armateurs français qui se trouvaient empêchés de tirer de leur industrie toutes les richesses qu’elles promettaient. Aussi s’adressaient-ils souvent aux autorités pour faire cesser ces abus criants et obtenir le champ large dans tout le golfe.

Monsieur Harenedé n’ayant point encore paru en 1734, on enleva les barrières et maints équipages s’abattirent sur les Îles comme des essaims d’abeilles dans un verger en fleurs. Il en vint même du Canada jusqu’où s’était répercuté l’écho des lamentations de la

  1. M. Lenormant au Ministre : 16 nov. 1732 — Série C. II vol. 13.