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allons voir que la rencontre ne tardera pas à s’effectuer… Et notre archipel va être le théâtre des premiers conflits anglo-français dans cette portion du Nouveau-Monde.

Au printemps de 1597, Charles Leigh, équipant un navire et faisant voile vers l’Île de Ramea, y arriva le 18 juin. Il trouva une énorme quantité, une multitude de vaches-marines (Vaccæ Marinæ) sur toutes les îles, même sur les battures du Rocher-aux-Oiseaux.

Et aux environs de Brion, il y avait tant de morue qu’en une heure, avec quatre lignes seulement, ses hommes en pêchèrent 250 et un flétan si gros que leur barque ne put le contenir.

Le 19, il pénétra dans la havre de Halabolina (La Grande-Entrée) et, après y avoir ancré son navire, il envoya sa grosse chaloupe et douze matelots, sous les ordres du premier officier, inspecter le voisinage. Ils trouvèrent[1] quatre navires : deux de Saint-Malo en Bretagne et deux de Sibiburo, des parages de Saint-Jean-de-Luz. Ces Français voulurent se faire passer comme Espagnols. À cette nouvelle, Charles Leigh convoque à son bord les quatre capitaines français, mais seuls ceux de Saint-Malo s’y rendent. Leigh envoie chercher les deux autres et leur dit : « Nous ne vous ferons pas de mal, nous voulons être vos amis, mais par mesure de prudence nous vous prions de nous livrer vos munitions. » Les Français s’y refusèrent carrément ; froissés et humiliés, les Anglais répondirent : « Vous ne voulez pas ? Eh bien ! nous retirons notre amitié ; soyez nos ennemis ! »

Les deux capitaines malouins sont congédiés. Quelques heures après, une barque bien montée se pré-

  1. Probablement dans la baie du Cap de l’Est.