cesseurs, M. John M. Clarke dit : « le sol de ces Îles est essentiellement un résidu ; elles n’ont jamais été soumises à l’action glaciaire. » M. James Walter Goldthwait, seul, d’un avis contraire, affirme qu’il a trouvé des stries glaciaires sur plusieurs roches au Havre-Aubert, à la Pointe-Basse et à la Grande-Entrée, et il conclut que les Îles de la Madeleine n’auraient point été exemptes du travail d’érosion des énormes banquises de glace qui rongèrent les Laurentides et couvrirent toutes les Provinces Maritimes, depuis le Cap-Breton jusqu’à la Gaspésie. La question n’est donc pas définitivement réglée. Ce sujet étant bien au-dessus de nos connaissances actuelles, je laisse aux savants géologues le soin de l’approfondir et de le résoudre. Ce que je vais raconter de mes Îles se passe bien longtemps après la période glaciaire et lui est bien étranger.
Ce qui paraît acquis à la science cependant, c’est que les Îles ont émergé de 100 à 125 pieds (Chalmers) ; qu’elles étaient beaucoup plus étendues qu’actuellement ; que la mer les a rongées, les a tranchées, les a séparées pour les unir ensuite de leurs restes pulvérisés : les dunes ; que Neptune, poursuivant son travail titanesque avec une patience inlassable, réussira à limer jusqu’au dernier cap, jusqu’à la dernière pierre, jusqu’à la dernière motte de grès et fera de cet « archipel égéen » un lieu de désolation chaotique, une seconde île de sable. Mais en basant son calcul sur la durée d’une vie d’homme, on trouve qu’il faudrait encore 5,417 ans pour achever ce travail. Donc, en paix, chers Madelinots.
L’archipel de la Madeleine affecte quelque peu la forme d’une clef ou d’un hameçon placé dans la direction nord-est sud-ouest, en travers des courants dans la route que suivent tous les navires qui pénètrent dans