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nication avec la terre ferme, comptant seulement sur la bonne Providence et espérant qu’un bâtiment loup-marinier arriverait au Rocher pour la secourir dans son extrême détresse.

Le lendemain, Thomas Thivierge, un des trois malheureux emportés à la dérive, les pieds gelés et à moitié mort de froid, retourna au Rocher et apporta à l’épouse inconsolable la triste nouvelle que monsieur Whalen et son fils étaient morts pendant la nuit. Cet accident détermina enfin le gouvernement à faire poser l’été suivant un câble sous-marin, entre le rocher et la Grosse-Île. Monsieur Charles Chiasson, du Havre-aux-Maisons, fut nommé gardien le 25 juillet 1880, charge qu’il occupa jusqu’au 23 août 1881. Ce jour-là Paul Chenell, sa fille et Jean Turbide étaient en visite sur le Rocher. Leur hôte, monsieur Chiasson, leur fit voir en détail les différents bâtiments, phare, bouilloire, engin, et enfin on arriva au canon d’alarme ; les visiteurs prièrent le gardien de bien vouloir tirer un coup de canon. Ce dernier se rendit à leur désir, mais hélas ! la grosse Bertha fit explosion et victima le gardien et son fils, blessa gravement Paul Chenell, qui expirait deux heures plus tard. Jean Turbide en fut quitte pour une légère égratignure. Monsieur Télesphore Turbide était alors assistant, mais il ignorait complètement le maniement du télégraphe ; dans la cruelle situation où il se trouvait, avec trois cadavres sur le Rocher, les vitres du phare brisées par l’explosion, il s’ingénia à tenter l’impossible et réussit à se faire comprendre par monsieur LeBourdais, opérateur au Cap-aux-Meules. Une heure plus tard, le câble était rompu. On envoya immédiatement un bâtiment[1] chercher les cadavres des victimes de l’explosion. Quelques jours plus tard, le SS Napoléon III arrivait au Rocher avec des ouvriers pour réparer les dégâts.

  1. La Marie-Euphrosime.