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ÉDUCATION

Les seules écoles qui existèrent avant 1839 furent celles des missionnaires qui préparaient les enfants à la première communion. En 1827, Isaac Coffin écrit à l’évêque de Québec qu’il allouera 50 livres de rente au prêtre, s’il veut faire la classe d’après la méthode lancastrienne[1], mais il ne paraît pas qu’on ait donné suite à cette proposition.

La génération qui avait poussé sur l’Île Miquelon avait fréquenté les écoles que le gouvernement français y entretenait au bénéfice des pêcheurs. Elle savait en général lire et écrire. Les documents publics nous montrent que celles qui suivirent n’eurent pas cet inappréciable avantage. À l’appendice XII de ce volume, je donne, par curiosité, la copie d’un testament fait en 1804. Les témoins et les partis, moins un, ont su signer. Cela décline à mesure que la vieille génération s’éteint. Mais les rudiments d’instruction religieuse se transmettent de père en fils, comme la tradition. Ce sont surtout les mères, ces anges du foyer, qui remplissent avec zèle et compétence la sainte fonction de maîtresses d’écoles, en faisant réciter les prières et le catéchisme à leurs enfants. Maintenant, comme autrefois, elles sont restées de vraies mères chrétiennes. Monseigneur Plessis, en 1811, constatera qu’elles sont d’une modestie exemplaire et d’une grande et noble simplicité ; l’abbé Ferland, qu’elles sont parfaitement

  1. Ce procédé, très en vogue à cette époque fut propagé en Angleterre par Lancaster qui lui laissa son nom. C’était un mode mutuel.

    Les premiers élèves instruisaient leurs confrères plus jeunes, sous la direction d’un maître. Ces élèves-maîtres étaient plus que des moniteurs, ils dirigeaient chacun leur groupe classé suivant son degré d’avancement. Le grand avantage de ce système, c’était qu’un seul instituteur pouvait diriger une école très nombreuse dans une seule salle. Mais il ne permettait pas à l’enfant d’être façonné par son maître puisqu’il était continuellement enseigné par d’autres enfants, guère plus compétents que lui et donc incapables de corriger, de redresser, d’élever.

    (Manuel d’Hist. de la Pédagogie par un prof. d’École Normale, Imprimerie Duculot, 1919.)