AGRICULTURE
À l’origine, on croyait les Îles de la Madeleine incultes à cause de leur apparence tourmentée, de l’aspect désolé de certains points et de leurs immenses étendues de sable qui rappelaient les déserts du Sahara. Le major Holland, par exemple, prétend « que d’après les plus exactes observations et les plus strictes informations, l’Île ne semble pas capable de produire suffisamment pour la subsistance de sa population actuelle ou à venir ». On est un peu surpris de ce rapport, après le témoignage de Cartier : C’est la meilleure terre que nous eussions oncques vues ». Mais on l’est encore davantage quand l’abbé Miville affirme, en 1852 : que les Îles de la Madeleine ne sont nullement propres à l’agriculture : « Je crois que la seule inspection de ces îles ferait verser des larmes aux habitants des campagnes de Québec, s’ils se voyaient obligés de cultiver de semblables terres. » Or, ces deux témoignages, à 87 ans l’un de l’autre, sont tout à fait relatifs pour ne pas dire archi-faux. Holland, ayant visité l’établissement de pêche de la Grande-Échouerie où vivait un groupe de familles, trouva que le sol en était pauvre, presque partout sablonneux, et le mentionna dans son rapport sans spécifier si c’est l’île de l’est — Coffin — ou tout le groupe de la Madeleine qu’on prenait communément pour une seule et même île à cette époque. Il note toutefois qu’on y élève des moutons, que l’Île Brion et l’Île d’Entrée renferment des prairies naturelles.
« Il semblerait, dit Bouchette, que la capacité générale du sol pour l’agriculture n’a pas été appréciée à sa juste valeur dans le rapport du major Holland. » Et continuant, il évalue la superficie totale des Îles à 78,000 acres, en chiffres ronds : « la surface variée que cette étendue de terrain présente en inclinant