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trouvé sur la dune du nord, quelque temps auparavant. C’était l’escalier de la chambre de la Flash. Il l’identifia sans difficulté, l’ayant fabriqué de ses propres mains. Plus de doute, alors, un ouragan, une trombe avait englouti les deux compagnons à la fois… Mais, pourtant, il avait fait beau après le départ de la Flash : le lendemain, beau vent de nord qui a duré plusieurs jours, vent idéal pour une montée rapide. Puis vent de norois, vent d’ouest, mais point de fortes brises. Enfin !… Plus on étudiait l’énigme, plus on se perdait…

Quinze années durant, les vieux loups-de-mer s’informaient aux marins à leur retour de Québec : « Vous n’avez pas entendu parler de la Flash ? » — Et toujours la même réponse : rien, rien. Enfin, un jour, un coin du voile fut levé. On rapporta toute une histoire à l’endroit de la Flash, drame horrible que les honnêtes Madelinots n’avaient jamais même soupçonné : le cuisinier du « Canayen » déclara sur son lit de mort qu’ayant été forcé de participer à un crime affreux il ne voulait point emporter dans la tombe un secret qui l’avait sans cesse torturé. La Flash, le premier soir du départ, avait été attaquée sournoisement ; une lutte sanglante avait eu lieu, l’équipage acadien massacré, le vaisseau pillé puis coulé. Un seul avait échappé au couteau, en plongeant dans les flots… Le capitaine s’était battu comme un lion jusqu’au dernier souffle : on avait eu mille peines à le tuer…

C’est depuis cette révélation que les Madelinots disent la défunte Flash.