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Seule l’Arctique fut renflouée et son équipage sauvé.

Les trois survivants de ce mémorable événement, ayant repris leurs forces et retrouvé leur sang froid, mirent à la voile pour une seconde fois, vers le quinze de décembre. Ils arrivèrent aisément aux Îles six jours plus tard au milieu d’une population en deuil. Impossible de décrire les scènes poignantes qui se déroulèrent alors sur les quais du Havre-aux-Maisons ! Mon père me les a maintes fois narrées, cependant je me sens complètement impuissant à en rendre ici les accents pathétiques. Le tableau m’a beaucoup fait songer à celui de l’embarquement des Acadiens, sur les rives du Bassin des Mines, en 1775…

La défunte Flash

Le voyage de Québec était plus long que celui d’Halifax, mais moins redouté des Madelinots, à coup sûr, à cause des relations plus amicales et plus faciles entre gens de même foi, même race et même langue. On ne l’entreprenait que durant les beaux mois de l’été. On montait chargé de produits de la mer pour en rapporter des provisions, des vêtements et autres articles de nécessité locale. Des relations commerciales s’étaient ainsi établies avec plusieurs Québécois : Vital, Têtu, F. Buteau, H. LeMesurier et autres ; des liens de famille et d’amitié créés par l’intermédiaire de quelques Canadiens fixés aux Îles. Arrivé au port après une rude navigation, quel bonheur de se régaler dans d’hospitaliers et sympathiques foyers canadiens ! On passait quelques bonnes soirées un peu semblables à celles du pays lointain, puis on se remettait en mer, le cœur gai, emportant le plus excellent souvenir de ces bons cousins de la vieille cité.

La Flash venait de partir pour la capitale, — en 1881,