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3. Une exemption du tarif sur tous les articles nécessaires à la poursuite de cette industrie.

Il demande aussi la construction d’un phare au Rocher-aux-Oiseaux et d’un autre à la Pointe de l’Ouest du groupe, avec des dépôts de provisions pour secourir les naufragés, jusqu’ici à charge aux insulaires peu fortunés.

Ce substantiel rapport détermina enfin le gouvernement à prendre quelques mesures efficaces. Une goélette fut équipée pour surveiller les Îles et la Côte-Nord où les Américains avaient suivi les Acadiens.[1]

En 1852, l’Alliance fit sa première visite officielle. Le commandant Fortin y dirigea une enquête consciencieuse sur les besoins de la population qu’il devrait désormais protéger. Son rapport au Gouvernement renforça et compléta celui de Bouchette ; il fit un sombre mais exact tableau de l’abandon que seuls des Acadiens pouvaient supporter. Il montra et prouva qu’il leur était complètement impossible de soutenir toute concurrence avec les pêcheurs étrangers, car le gouvernement français accordait dix francs (8sh, 4d) pour chaque quintal de morue débarqué en France, cinq francs, en sus, pour chaque quintal exporté par des bâtiments français dans un pays étranger et cinquante francs pour chaque homme ou mousse employé à la pêche. Les États-Unis, depuis 1819, offraient $3.50 par tonne à tous les bâtiments de 5 à 30 tonnes et $4.00 à ceux de plus de 30 tonnes, à condition de 4 mois de service. L’Île du Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse protégeaient et encourageaient aussi leurs pêcheurs, tandis que les Madelinots n’avaient rien, rien que leurs sueurs et leurs larmes.

En même temps que le commandant Fortin s’acquitte de sa mission protectrice, un comité, formé des

  1. En 1852, Fortin trouva à Blanc-Sablon 7 goélettes des Îles et 10 des États-Unis.