Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 129 —

PÊCHERIES

Le gouvernement du Bas-Canada, à l’époque où les Îles avaient le plus besoin de sa protection, portait toute son attention sur un théâtre plus vaste ; les scènes qui s’y déroulaient pouvaient avoir des conséquences nationales d’une gravité exceptionnelle. C’est la période peut-être la plus aiguë de la lutte entre le vainqueur et le vaincu, pour l’anéantissement ou le salut d’une race que le pouvoir dirigeant voulait noyer à tout prix, afin de lui rendre service, disait-il. Quelques esprits se révoltèrent et entraînèrent dans leur sillage la partie saine de la population française. Les troubles de 37-38 éclatèrent et l’Acte d’Union suivit.

Il suffit de jeter un regard rapide sur ces événements tragiques pour comprendre que les intérêts des Îlots de la Madeleine pesaient peu dans la balance. Peut-on blâmer le gouvernement d’avoir agi de la sorte ? Ce qui importait, ce n’était pas tant de protéger et de développer les pêcheries du golfe que d’assurer à la race française des droits imprescriptibles qu’on essayait désespérément de lui ravir au mépris des traités. Toute l’attention se trouvait concentrée sur cette question angoissante. Allions-nous, oui ou non, rester Français ? Et la plus grande cause, sinon la seule, de notre pauvreté matérielle au Canada, c’est peut-être que nous avons dépensé toutes nos énergies dans des luttes de prétoire, sur les tribunes publiques et dans les parlements.

Il n’y a pas que nos Îles qui en souffrirent, mais elles semblent avoir eu beaucoup plus que leur part. Les Américains, qui avaient commencé à y poursuivre la vache-marine au lendemain du traité de Versailles, ne tardèrent pas à exploiter cette situation. Et, si Coffin n’a pas obtenu officiellement l’autorisation d’amener sur ces rivages ses parents et amis des États-Unis, il