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la région si merveilleusement fertile de l’incomparable Miramichi.

Ce sont les deux seuls groupements de Madelinots émigrés sur des terres. Pourquoi ces deux courants n’ont-ils pas été plus forts et pourquoi n’ont-ils pas continué à charrier vers d’autres terres neuves le trop plein de cette magnifique population ? C’est, je crois, le manque d’organisation. Si une société de colonisation avait canalisé et dirigé le surplus de la population des Îles de la Madeleine vers les terres neuves de notre province, elle aurait pu arracher aux centres industriels et au gouffre déprimant des grandes cités des milliers de gens qui y sont allés, parce qu’ils n’avaient pas d’autres débouchés. Une caractéristique : peut-être plus particulière aux Acadiens qu’à d’autres, c’est qu’ils aiment à être groupés : c’est probablement à cause de leur sens profond de la vie familiale. Et ils émigrent plutôt par groupes qu’individuellement. Bel avantage pour fonder une paroisse !

Au Royaume du Saguenay

L’industrie de la pulpe s’étant développée dans la Baie des Sept-Isles, l’émigration vers le nord reprit son cours. Des jeunes gens d’abord, puis des hommes mariés, puis des familles entières allaient passer deux, trois, quatre ans à Clarke-Cité, pour y faire un peu d’argent et revenir vivre plus heureux aux Îles. Un va et vient s’établit ainsi entre les Îles et la Côte-Nord. Mais voilà que des gens du Saguenay qui travaillaient avec ceux des Îles se mettent à parler de leur féérique Empire du Saguenay avec force louanges, et encouragent ces Acadiens, en quête d’un nouveau centre, à aller s’y établir. C’était vers le temps où se fonda Kénogami (1912-13). La main-d’œuvre abondait et il y avait beaucoup plus d’avantages qu’à Clarke-Cité. Voilà donc nos Madelinots qui envahissent Kéno-