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Coûte que coûte, il leur faut un prêtre résident au milieu d’eux ; ils vont en délégation auprès de Mgr Barry, de Chatham, qui, hélas ! ne peut accueillir favorablement leur très légitime demande : pas de prêtre disponible. Ils auront au moins une école et en donneront la direction à un des leurs, William Chiasson.

Durant onze années, ils iront à la messe à Escuminac, sept milles plus bas, à pied bien souvent, ou en petites charrettes à la façon des Îles, mais sans y manquer un seul dimanche. Quelle foi héroïque, digne des premiers temps de l’Église ! quelle piété intense ! On a même vu de pauvres femmes franchir allègrement et à jeun cette grande distance pour recevoir la Sainte communion…

Enfin, après mille et mille ennuis, grâce à l’indémontable ténacité de l’abbé Nazaire Savoie, leur tout dévoué curé acadien, (actuellement curé du Petit-Rocher, N. B.) ils finissent par arracher, en 1911, la permission de se construire une église à eux, ce qu’ils font sans retard à la Baie Sainte-Anne.

Aujourd’hui, vingt-sept ans après leur arrivée, cette paroisse de Sainte-Anne est parfaitement organisée : une belle grande église en pierre de taille, finie à l’extérieur et un magnifique presbytère, sans un sou de dette, plusieurs écoles florissantes, un curé et des institutrices de leur langue, etc… Vivent nos trente-deux Madelinots de la Baie Sainte-Anne ! C’est à eux que nous sommes redevables de tous ces merveilleux progrès. Et que serait-ce donc, si, comme leurs chanceux compatriotes de la Matapédia, ils avaient réussi à décrocher les encouragements et les faveurs des pouvoirs publics ? Par exemple, le développement des voies ferroviaires de Bathurst, Caraquet, Shippagan, Tracadie, jusqu’à Néguac, Pointe-Sapin, Escuminac, Baie Ste-Anne, pour aboutir à Newcastle, en sillonnant