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la sentence ordonne que, si l’aveu ne s’est pas produit au bout d’une demi-heure, les tourments seront renforcés[1]. L’examen de nos archives criminelles démontre que souvent le juge prolonge notablement l’épreuve. Pour les années 1720 à 1794, nous avons relevé plus de trois cents exemples de tortures exercées durant plusieurs heures. Rien de plus fréquent que de voir un malheureux accusé se débattre contre le bourreau pendant cinq, six ou huit heures, comme, à Wellen, le 2 juillet 1774, Pierre-Guillaume S…, accusé d’incendie[2] ; ou douze heures trois quarts, comme, à Malines, le 11 août 1723, Rombaut L…, accusé d’avoir participé à une émeute[3] ; ou dix-sept heures, comme, à Vliermael, le 4 septembre 1762, Lambert J…, accusé de meurtre[4] ; ou dix-huit heures, comme, à Bruxelles, le 19 février 1723, Martial U…, accusé d’assassinat[5] ; et à Meldert, le

    heures ne fut qu’ensuitte de ses aveus il y auroit des motifs de la prolonger » [Ibid., n° 53] ; de sept heures : le 3 décembre 1767, Jeanne R…, voleuse, « voor den tydt van seven ueren, ten zy dat zy door haere bekentenissen ofte andersints materie soude geven om die selve tortuere te prolungeren » [Ibid., n° 55] ; de huit heures : le 6 novembre 1751, Jean-Baptiste L…, voleur [Ibid., n° 37] ; de dix heures : le 13 octobre 1755, Gommaire G…, voleur [Ibid., n° 41] ; le 26 mars 1737, Anne-Marie V…, incendiaire, « voor den tydt van thien hueren ten waere den selven gevangenen door haere bekentenissen ons soude materie geven de selve examinatie ofte torture te verlenghen » [Ibid., n° 41] ; le 3 juin 1771, Jean-Baptiste J…, voleur [Ibid., n° 60] ; de douze heures : le 2 octobre 1767, Louis L…, voleur, « voor den tydt van twelf ueren, ten zy dat door zyne bekentenissen hy materie zoude geven om de selve te verlengen met reserf van de preuven ingevalle hy soude persisteren in syne ontkentenissen in den tydt hier boven gemelt » [Ibid., n° 55] ; le 6 octobre de la même année, Adrien L…, complice du précédent [Ibid.] ; enfin, il condamne à une torture sans limites : le 25 juin 1753, Pierre S… et Jean T…, voleurs [Ibid., n° 39] ; et le 4 février 1768, Pierre R…, soupçonné d’avoir embauché des soldats belges pour le compte de la République des Provinces-Unies [Ibid., n° 57].

  1. Voir Échevins de Liége, Registre aux prisonniers ; on y trouve presque à chaque page l’ordre donné au bourreau d’ajouter des poids de 20 à 50 livres aux pieds des accusés soumis à l’estrapade, et qui n’auront pas fait d’aveux au bout d’une demi-heure.
  2. Criminelen Rollen Register des Edelen en souvereinen Leensaele van Münsterbilsen, begonst den 29 meert 1774.
  3. Grand Conseil de Malines, office fiscal, n° 105 de l’inventaire, liasse 27.
  4. Registre des Échevins de Vliermael, n° 86.
  5. « Item den Doctoor voor syne vacatie op die torture ten tyde van aghtien ure, ieder ure a 2 gd.-8 st. volgens ordinaris
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    [Procès du Drossard de Brabant, n° 104].