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seule parole, et comme une espèce de cadavre, il fut jugé inutile de le tirer davantage[1] ». À Anvers, le 7 juin 1720, on met à la question Josse de W…, « qui est depuis deux ans dans un état de foiblesse d’esprit », et le procès-verbal porte en marge : « Captivus obiit in carcere[2] ». Le 2 janvier 1751, à Bruxelles, les médecins déclarent que Philippe J… n’est pas en état de soutenir la question, « parce qu’il a une rompure {sic) considérable, laquelle le metteroit en danger de la vie s’il y étoit aplicqué ». Néanmoins il subit la question le 17 juillet, de 9 ½ heures du matin à 4 heures 20 minutes de relevée[3]. Le 4 décembre de l’année suivante, Bernard M…, accusé de nombreux vols, meurt dans la prison de la Steenpoorte, à Bruxelles, des suites de la torture ; il est vrai qu’il l’avait subie quatre fois, dont une fois vingt-trois heures de suite[4] ! À Liège, le 8 janvier 1774, Mcolas H…, accusé de meurtre, subit la question de l’estrapade durant six heures consécutives[5] ; le 10 janvier, la torture est renouvelée pendant plus de huit heures : « huit heures et vingt minutes étantes écoulées, on a laissé descendre le prisonnier[6] ». Le registre porte à la date du 11 : « le prisonnier est mort ensuitte de la question ». Le même jour, à Liège également, François G…, accusé de complicité avec le précédent, après avoir soutenu pendant douze heures l’épreuve de la veille, subit l’application des brodequins, et le registre constate que « le prisonnier est mort en prison[7] ». Le 25 juin 1763, le Conseil privé propose à Marie-Thérèse

  1. Conseil privé, carton 724.
  2. Vierschaerboek der stad Antwerpen van den 22 april 1712 tot 29 augustus 1729, fos 297-302.
  3. Le cas est sans doute extraordinaire ; c’est pour cela que je ne trouve point de difficulté d’avoir recours à un moien extraordinaire, et que je suis le sentant qu’on peut ici changer la forme ordinaire de la question, et la donner au prisonnier en lui pressant les extrémités des doigts, ce qui n’est pas entièrement inusité, ou d’une autre façon telle que le prisonnier n’en soit mis en danger de la vie ni de quelque mutilation de ses membres ». [S.] De Cock [Procès du Drossard de Brabant, n° 37].
  4. Ibid., n°38.
  5. Échevins de Liége. Registre aux prisonniers, 1741-1794, fos 235-236.
  6. Voir le dossier du procès Sartorius aux archives de l’État à Liége.
  7. Registre aux prisonniers, fo 240.