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trouvé dans les dossiers criminels de la principauté de Liége des exemples de la question par la veille : le patient, solidement garrotté sur un banc, avait à ses côtés deux sergents qui, chaque fois qu’il fermait les yeux, lui appliquaient de violents soufflets.

Ces procédés sont certes d’une cruauté insigne ; toutefois, nos magistrats n’avaient pas poussé les raffinements aussi loin que les juges français, allemands ou italiens, et tout au moins leurs archives ne nous révèlent rien de comparable au Tormentum cum scarabœo vel mure, au Ruthen Volter, au Tormentum cum virgâ et ferulâ, et autres horreurs que certains criminalistes[1] nous décrivent avec complaisance, et que l’on croirait inventées par des bandits, et non par des représentants de la Justice.

Et dire que les juges assistaient en personne aux tourments des accusés, pendant de longues heures, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, l’accomplissement d’un devoir professionnel ! Les comptes de justice nous révèlent même ce détail horrible que souvent les magistrats charmaient l’ennui de ces sanglantes et interminables séances en se faisant servir de plantureuses collations et en buvant sec aux frais des contribuables[2] !


  1. Voir Döpler, pp. 300-304.
  2. Voir un état de débours de cette espèce, de l’année 1746, dans l’intéressant ouvrage de P. Claeys : Le bourreau de Gand, sa mission, ses fonctions, ses privilèges. Gand, 1893, p. 43.