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qu’il avoit eu un petit morceau de viande dans la maison qu’il avoit rotti au feu sur la pointe de son couteau, mais qu’il ne l’a pas mangé, et qu’à la troisième pinte le prisonnier a voulu sortir de la maison, mais que le Jeanfoutre ne l’a pas voulu.

Demandant ensuitte qu’on luy relacheroit un peut les mains, ajoutant que, si les choses ne se sont pas passées ainsi qu’il l’a declaré, qu’il souhaite de ne voir jamais Dieu : « Je vouderoit que le Diable me vienderoit chercher, s’il n’est pas vrai qu’il étoit debout contre la porte, pointant toujours contre moy avec son couteau ».

Et après quelques plaintes il a demandé une goutte à boire, ce qu’il luy a été donné avec de la petitte bierre.

Dit le prisonnier que le dit Gerard B… est tombé roid mort la tête sur un chaudron, ne scachant point dire dans quel endroit ce chaudron étoit, mais qu’il n’étoit pas loin dudit B…

Alors il a commencé à se plaindre à hauttes voix.

Quarante et une minutes après midi, le prisonnier a demandé derechef à boire et on luy a donné de la petitte bierre dans un goblet, comme devant, qu’il a avallé.

À une heure et cinq minutes, s’est plaint en criant à hauttes voix, protestant de tems en temps qu’il est vrai qu’il a tué ledit B… dans la posture et avec les circonstances qu’il a détaillé, déniant qu’on lui ait donné d’autres coups, ny avant ny après que celuy du couteau qui luy a été porté par luy prisonnier.

À deux heures et douze minutes, le prisonnier aiant continué à Lamenter jusque alors, il a demandé encor à boire, en quoy on l’a satisfait comme précédemment.

À deux heures et trente-cinq minuttes, dit que dans le pays de Liége on dit bayonnette, lorsqu’on parle d’un couteau, mais que luy prisonnier ne s’est jamais servi ny porté de bayonnette.

Et, le quard avant cinq heures de l’après midi, le prisonnier étant reste assé tranquille jusqu’alors, il fut ordonné qu’on visiteroit si les cordes qui le tenoit lié, n’étoient pas relâchés ; aiant été trouvé que celles des mains l’étoient effectiveuient il fut ordonné de les remettre dans l’état précédent, ce qui fut à l’instant effectué ; pendant quel temps le prisonnier a jetté quelques cris, ensuitte a demandé à boire, qu’on luy a donné comme les fois précédentes.

À dix heures et demi du soir, le prisonnier après avoir demandé pour lacher l’eau, il a laché l’eau, étant assis sur la chaise.

Et à une heure et demie après minuit, les cordes aux pieds et aux mains du prisonnier aiant étés visités et trouvés qu’elles étoient relachées, il a été ordonné de les remettre en leut état précédent, ce qui fut exécuté sur le champ.

Et, un moment après, dit le prisonnier : « Relâché mois un peut le collier, il me presse trop fort », ce qui ne luy a pas été accordé, et tout de suitte a demandé à boire, ce qui a été effectué comme aux fois précédentes, continuant ensuitte a gémir et a se pleindre.

À sept heures et cinquante-deux minuttes, le matin du 5 du susdit mois de juin, dit le prisonnier : « Est-il permis de tenir un homme vingt-quatre heures dans les tourmens » ?