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présomptions morales qu’entraîne cette dénonciation, faite par des condamnés qui vont mourir. Mais il passe soigneusement sous silence un document dont l’intérêt est cependant considérable, et que nous transcrivons ici dans son éloquente simplicité :

« Ce jourdhuy, onze du mois d’avril 1792, comparurent pardevant moi notaire public et de la cour épiscopale de Liége soussigné, et les témoins en bas nommés, les Revds sieurs Jean et Guillaume Mesmaker, chanoines réguliers et prêtres de l’ordre de saint Augustin, du couvent de Sainte-Élisabeth au comté de Horne, actuellement résidents à Liège au couvent des RR. PP. Minimes, lesquels nous ont déclaré, comme ils déclarent par la présente à la réquisition de Monsieur Jean-Hubert Bouhoulle, avocat très célèbre et défenseur des prisonniers de la ville d’Anvers, que tout ce qu’ils ont eu l’honneur d’écrire au mois de mars passé au très Révérend Sr Vandongen, curé de Saint-André, à Anvers, au sujet d’un nommé Philippe Mertens, actuellement détenu en prison dans ladite ville [par rapport aux dépositions faites par la Justice de Horne à son désavantage], est très vrai et conforme tant à la justice qu’à la charité : déclarant en outre qu’ils ont écrit lesdites choses sans aucun intérêt ni personnel ni de famille, moins encore par passion de haine ou tout autre contre qui que ce puisse être, et ce à cause qu’il était dans ce temps là notoire à quiconque voudroit sans déguisement dire la vérité, que tout le pays de Horne et d’allentour étoit dans une continuele et extrême consternation, et même que plusieurs dignes personnes étoient scandalisées au sujet de la manière de procéder envers les prétendus accusés comme étant de la bande des sommeurs [qui faisoient alors des ravages dans ledit païs] et notamment au sujet du susnommé Philippe Mertens, jusques là que l’on assuroit publiquement que les juges ne cessoient de fatiguer les délinquants qui étoient sur la torture jusqu’à faire monter les menaces au dernier excès pour les faire avouer que ceux qu’ils leur nommoient étoient leurs complices, ce qui naturellement ne pouvoit que contribuer à des fausses accusations pour être par là délivré des tourments ; lesdits comparants authorisant ledit reverend curé de produire leur predite lettre là où besoin sera, même aux acts ; en outre ils déclarent que les exécutés qui sont nommés dans le protocolle sont tous morts d’une manière très scandaleuse