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1785 par les juges du comté de Horn, comme impliqué dans le complot de la bande abominable des abjureurs de Dieu et d’incendiaires dont plusieurs ont été exécutés par la hart, la roue ou le feu dans ce païs » ; il résulte de l’enquête « un ensemble de preuves enchainées à sa charge, si concluantes et si convaincantes… qu’il ne reste plus rien à désirer que son propre aveu ». Le Conseil privé renvoya cette requête au Fiscal de Brabant, qui émit un avis favorable ; il estime « que la condamnation à la torture a été justement portée pour se procurer par ce moien le dernier degré de preuves, qui est attendre des aveux du condamné ». Le Conseil privé, dans sa consulte du 23 juin, rappelle d’abord que depuis 1784 le Gouvernement s’est toujours refusé à permettre l’exécution des sentences de l’espèce, « même dans des cas où il ne s’agissait que de la torture comminatoire » ; mais tout en avouant que la torture a souvent dégénéré en abus, il propose d’accueillir favorablement la demande du Magistrat. Le 26 juin, Marie-Christine signa l’acte d’autorisation. Le 3 juillet, Mertens subit la question depuis 8 heures du matin jusqu’à midi et quart ; alors il se décida à avouer, mais quand, le surlendemain, il fut invité à répéter librement ses aveux, il déclara qu’ils lui avaient été arrachées par la force des tourments ; il fut immédiatement remis entre les mains du tortionnaire, à 3 h. 34 m. ; à 5 h. 7 m. il eut une syncope qui dura jusque 8 h. 40 m., puis on recommença à le tourmenter, et l’interrogatoire se prolongea jusqu’à 11 h. 15 m.[1] ; il s’avoua de nouveau l’auteur de l’assassinat, mais le lendemain il révoqua encore une fois ces aveux, faits, disait-il, pour échapper à la douleur physique. La mère de l’accusé s’adressa alors à la clémence du gouverneur général pour obtenir que son fils ne fût plus torturé. Selon l’usage, cette requête fut renvoyée à l’avis du Magistrat d’Anvers. Celui-ci trouva la démarche de la mère de Mertens « étonnante », car la

  1. « Het half quaert naer vyf uren is den geve in eene qualykte gevallen, en is aldan seffens, door het goedvinden van den doctor, chirurgeyn en apoteker van de pynbank afgelaeten ende op eene matrasse gelegd op den grond der vorseide tortuercaemer waer oppe hy verbleven is tot tien minuten naer alf acht, wanneer hy geve volgens het oordeel der voors dry experte maer eerst bequaem was om op bem de torture te continueren, ende wederom gestelt te worden op het tortuerstoeltje ende in den halsband, helgeneook geschied is » [Dossier des Archives communales d’Anvers].