Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le sacrifice de la nouvelle et de la pleine lune, les sacrifices des fêtes saisonnières et pastorales, des prémices de fin d’année. Les uns et les autres se retrouvent généralement dans le rituel solennel et dans le rituel domestique, avec les différences que comportent la solennité de l’un et le caractère familial de l’autre.

On voit à combien d’occasions diverses les brahmanes ont fait servir les sacrifices. Mais, en même temps, ils en ont si bien senti l’unité qu’ils ont fait de ceci le principe de leurs liturgies. Presque tous les textes du rituel solennel ont le même plan : exposé d’un rite fondamental, que l’on diversifie progressivement pour le faire répondre aux différents besoins[1]. Ainsi les çrauta sûtras et les brâhmaṇas qui les commentent partent de la description générale de l’ensemble des rites qui constituent le sacrifice des gâteaux à la nouvelle et à la pleine lune, et c’est ce schème qu’ils adaptent successivement, en le modifiant suivant les circonstances, à toutes les cérémonies qui comportent un sacrifice de gâteaux. C’est ainsi qu’un sacrifice de gâteau constitue la cérémonie essentielle et des fêtes saisonnières, dont les aspects sont déjà si nombreux et variés (sacrifices à la nature, sacrifices de purification, de consommation des premiers grains, etc.), et, aussi, de toute une série de sacrifices votifs[2]. Et il n’y a pas là seulement un artifice d’exposition, mais un sens réel de la souplesse du système sacrificiel. En effet, soit le sacrifice animal solennel. Nous le trouvons isolé ou combiné avec d’autres, dans les cas les plus divers : dans les fêtes périodiques de la nature et de la végétation, et dans des rites occasionnels, lors de la construction de l’autel, dans des rites destinés à racheter la personne. Voici maintenant le sacrifice du soma[3]. Puis

  1. Le principe est même tellement rigoureux qu’on expose le rituel du sacrifice avant le rituel de l’établissement de l’autel (voy. Hillebr., § 59, Rit. Litt., Vorbem.).
  2. Hillebr., Rit. Litt., § 66.
  3. Nous traduisons ainsi le mot soma, dans le composé somayajña, comme un nom commun. Le terme est intraduisible, car le mot soma