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même, M. Preuss[1] s’y sont ralliés ; M. Vierkandt[2], qui probablement s’est contenté de lire M. Preuss, en arrive à nous reproduire presque intégralement.

Nous n’avons publié qu’une partie de notre travail sur la magie, celle qu’il nous importait de terminer alors pour poursuivre nos recherches. C’était assez pour nous en effet d’avoir montré que les phénomènes de la magie s’expliquent comme ceux de la religion. Comme nous n’avons pas encore exposé la partie de notre théorie, qui concerne les rapports de la magie et de la religion, il en est résulté quelques malentendus.

Nous avons été les premiers à formuler dans ce mémoire une distinction des rites en positifs et négatifs que nous tenions de M. Durkheim. Deux ans après notre publication, M. Frazer[3] arrivait, de son côté, à la même distinction, mais en considérant tous les tabous comme des rites négatifs de ce qu’il appelle la magie sympathique. Nous ne pouvons accepter l’honneur que M. Thomas[4] et à sa suite M. Marrett[5] nous ont fait de cette généralisation. Nous la croyons erronée. Nous avons divisé la magie en positive et négative ; cette dernière embrassant les tabous et en particulier les tabous sympathiques. Mais nous n’avons pas dit que tous les tabous fussent de la magie négative. Nous insistions sans doute sur les interdictions de la magie, parce que, par le fait même de la prohibition, elles portent, mieux que les règles positives, la marque de l’intervention

  1. Ursprung der Religion und der Kunst, Globus, 1904-1905.
  2. Die Anfänge der Religion und der Zauberei, Globus, 1901, vol. 92, p. 62. Cf. Beck, in Zeitschrift für Philosophie u. phil. Krit., vol. 123, p. 180.
  3. J.-G. Frazer, Lectures on the Early History of Kingship, p. 26.
  4. N.-W. Thomas, Man, 1906, no 37. Cf. lettre de M. Frazer, ib.
  5. Marrett, Is Taboo a negative Magic, Anthropological Essays…, E. B. Tylor, 1907, p. 220, sq.