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dicité des rites. Son histoire nous apprend, d’autre part, qu’il est le code des qualités du temps. Les premiers calendriers sont des almanachs, qui enregistrent, jour par jour, les pronostics et les prescriptions magico-religieuses[1].

Ainsi l’institution des calendriers n’a pas pour objet unique, ni sans doute pour objet premier de mesurer l’écoulement du temps considéré comme quantité. Elle procède non pas de l’idée d’un temps purement quantitatif, mais de l’idée du temps qualitatif, composé de parties discontinues, hétérogènes et tournant sans cesse sur lui-même, dont nous avons exposé plus haut les caractères. À dire le vrai, la fructification continue de cette deuxième notion était de nature, en fin de compte, à produire la première. La multiplication des points qualifiés, la différenciation progressive des parties énumérables, la confusion même des qualités, que nous avons déjà décrite, devait conduire à l’analyse des synthèses premières. En somme, le travail d’abstraction, d’où est sortie la notion du temps objectif, quantitatif et abstrait, est peut-être la suite de celui qui a détaché des choses le temps qualitatif et à demi concret.


  1. Cf. Chabas, Le calendrier des jours fastes et néfastes de l’année égyptienne.