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que les images associées. Il faut s’attendre à y voir intervenir, à quelque titre, l’idée de pouvoir magique, de mana ou de sacré, qui fonde la croyance dont sont l’objet, en magie et en religion, les autres associations de la même espèce. Il faut que les associations qui définissent les qualités des temps, aient un caractère sacré, ainsi que les termes qui les composent, autrement dit que les dates ou leurs signes aient un pouvoir magico-religieux et que les choses signifiées, événements ou actes, participent à la nature de ce pouvoir. Cette chose vague, mais très réelle, qui n’est, comme nous l’avons dit ailleurs, ni substance, ni qualité, ni acte, mais à la fois tout cela[1], doit apparaître ici, au moins par éclair, sous l’une ou sous l’autre des formes dont elle est susceptible. C’est ce que nous allons vérifier sommairement. Or cette notion de sacré, nous l’avons déjà à moitié démontré, ne peut pas se former dans l’esprit de l’individu, en tant que tel ; elle résulte d’expériences subjectives de la collectivité.

On constate d’abord que, si la qualification d’une date quelconque paraît définie par un nombre limité d’associations sympathiques, impératives ou persuasives, cette limitation n’est qu’apparente. Il y a bien pour une date donnée, dans une aire donnée, un noyau fixe de prescriptions et d’attentes ; mais on voit s’en allonger la liste à mesure que s’allonge celle des documents[2]. En réalité, les dates attirent à elles les actes et les images, en raison de la considération dont elles sont l’objet. Elles sont investies d’une sorte de qualification générale qui s’exprime avec des déterminations particulières. Celles-ci, d’ailleurs, se confondent souvent et s’effacent parfois totalement dans la généralité de la qualification commune. Sans affaiblir ce que nous avons dit de l’association nécessaire entre les faits et les temps, nous devons recon-

  1. H. Hubert et M. Mauss, ibid., p. 109.
  2. Cf. Pineau, Revue des traditions populaires, p. 430 sq. (Touraine).