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comme éléments essentiels dans les opérations mentales en question.

Ce schématisme artificiel est précisément un objet d’étude qui nous intéresse, en tant que sociologues, par ce qu’il comporte de fixe, de résistant, de conceptuel, d’appris ; et, en nous limitant d’ailleurs au domaine de la religion et de la magie, le problème qui nous inquiète est de savoir si l’on peut en expliquer la formation et le fonctionnement, sans supposer autre chose que des images enregistrées et la tension variable des consciences individuelles qui les embrassent. Ne faut-il pas recourir encore à un autre principe, qui n’est pas intégralement donné dans la conscience de l’individu, mais qui se développe et agit au cours de la vie collective ? Pour nous dispenser de cette dernière hypothèse, il faudrait pouvoir démontrer que le calendrier n’enregistre que des expériences d’individus et que la tension des images en vue de la pratique rend compte de l’accord constamment établi entre les deux séries psychologiques considérées. Voyons donc si, en réalité, la constitution de la série fixe des images classées dans le temps ne suppose que des expériences individuelles.

V

Le préjugé commun veut que la division du temps soit fournie à l’expérience par certains phénomènes astronomiques, faciles à observer. En fait, il y a deux façons de déterminer les divisions du temps, qui sont concurremment usitées. D’une part, on fait coïncider les termes calendaires soit avec des phénomènes qui indiquent approximativement le changement réel des saisons, apparition de la première violette[1], du premier hanneton, de la

  1. Grimm, Deutsche Mythologie, t. II, p. 635 sq.