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hindous ne sont pas conçues comme étant de même grandeur[1].

III

Il résulte de ces faits non pas que le temps, pour la magie et la religion, ne soit pas une quantité, ou susceptible d’être considéré comme telle, mais que ce n’est pas une quantité pure, homogène dans toutes ses parties, toujours comparable à elle-même et exactement mesurable. Dans les jugements qui portent sur le temps, il entre autre chose que des considérations de plus, de moins et d’autant ; il entre des considérations d’aptitude, d’opportunité, de continuité, de constance, de similitude et les équivalences, dont nous avons parlé, n’étaient pas des égalités. Les unités de temps ne sont pas des unités de mesure mais les unités d’un rythme, où l’alternance des diversités ramène périodiquement au semblable.

Les subdivisions du temps ne sont pas des grandeurs définies uniquement par leur dimension et leur position relative. Il entre dans leur notion d’autres éléments qui expliquent leurs anomalies quantitatives, à savoir la notion de qualités actives, dont la présence les rend, les unes par rapport aux autres, homogènes ou hétérogènes. Si dans la représentation de chacune des sections du temps entre celle d’une certaine qualité, celle-ci sera naturellement conçue comme également distribuée dans toutes ses parties ; chaque période, si l’on ne considère en elle que cette qualité, sera donc nécessairement homogène par rapport à elle-même. L’homogénéité du temps cessera à la fin de chaque période, la suivante apportant avec elle de nouvelles qualités différentielles. Les parties semblables seront équivalentes et homogènes ou plutôt identiques, parce qu’elles auront la

  1. Cf. Thibaut, dans Grundriss der Indo-Arischen Philologie, t. II, fasc. 9, p. 28.