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critique et la période qui la suit sont assimilées. En d’autres termes, elles sont homogènes et susceptibles d’être tenues pour équivalentes, abstraction faite de leurs dimensions.

La raison de cette assimilation est celle que nous donnions plus haut. Entre le fait en question et la période à laquelle il est mentalement associé, il n’y a pas de mesure possible ; il n’y en a pas davantage entre l’instant où il se passe et la période dont cet instant fait partie ; ce ne sont ni des grandeurs comparables, ni des éléments antithétiques ; moment et durée, fait et durée sont identifiés dans une même opération mentale, qui est absolument synthétique. Une preuve de cette assimilation parfaite des dates critiques et de leurs intervalles est fournie par les noms mêmes du temps qui désignaient originairement et proprement des dates critiques[1]. Intervalles et instants rentrent les uns dans les autres.

Une objection reste à écarter, c’est que les effets et les phénomènes en question, étant conçus comme durables, se prolongent nécessairement au delà du moment où ils ont commencé. Qu’à cela ne tienne ! L’essentiel est qu’ils ne durent que le temps d’une période définie, dont tous les moments, conformément à notre deuxième proposition, constituent un tout indistinct et qu’ils s’arrêtent précisément à l’une de ces dates critiques qui, conformément à notre première proposition, interrompent cette continuité.

Nous enregistrons donc un nouveau résultat : non seulement les durées ne sont pas conçues comme indéfiniment divisibles en parties distinctes et homogènes, mais ces parties ne sont pas impénétrables les unes aux autres.

4o Les parties semblables sont équivalentes. — Peuvent être définies comme semblables entre elles les parties symé-

  1. Mal : H. Paul, Deutsches Wörterbuch, p. 202 ; Fr. Kluge, Etymologisches Wörterbuch der deutschen Sprache, p. 257. — Dheihs, thing = tempus : cf. Fr. Kluge, English etymology, p. 210. — Stunde : Grimm, Deutsche Mythologie, t. II, p. 660.