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comme nous l’énoncions, que les diverses unités de temps sont conçues comme insécables : car, dans ce cas, la période-forme coïncidera intégralement avec celle de la durée-matière dont elle est la mesure rythmique ; ce sont, en effet, deux grandeurs, qui ne pourront pas être divisées, l’une par rapport à l’autre, en grandeurs plus petites. En imposant de n’entreprendre certains actes qu’au commencement de périodes correspondantes, le rituel essaye simplement de conformer l’activité des hommes aux habitudes de leur pensée. Il va de soi que les périodes ne peuvent être représentées comme insécables que prises à part et chacune pour soi, ou seulement dans leur rapport avec les événements qui sont censés de nature à les remplir tout entières. Chaque intervalle de dates critiques est, en effet, divisé par d’autres dates critiques en intervalles plus petits. À ce point de vue, les durées sont comparables aux nombres, qui sont considérés tour à tour comme l’énumération d’unités inférieures ou comme des sommes capables de servir d’unités pour la composition de nombres supérieurs. La continuité leur est donnée par l’opération mentale qui fait la synthèse de leurs éléments. Nous admettons qu’une pareille synthèse mentale embrasse d’un seul coup la longueur des périodes-formes et des durées-matières.

Cette réserve faite, nous conclurons d’abord : que les parties du temps sont conçues comme n’étant pas indéfiniment divisibles en parties successives ; et ensuite, que chaque subdivision est constante par rapport à elle-même et hétérogène par rapport aux subdivisions de la même série qui la précèdent et qui la suivent.

3o  Les dates critiques sont équivalentes aux intervalles qu’elles limitent. — On déduira de la proposition précédente que, lorsqu’un phénomène ou un acte qualifié se produit à un moment quelconque de la période qui lui est conventionnellement assignée, il est censé la remplir de ses qualités, la contaminer tout entière. Les interdictions,