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enseigne les chants nécessaires pour qu’il les chante quand il se sert de cet os dans sa tribu. Son succès dans son art est dès lors assuré. » Ce renseignement sommaire, évidemment incomplet, et au surplus mal rédigé, établit pourtant bien que le mythe rituel de la mort et de la renaissance ne manque pas plus à une initiation magique qu’à l’autre, de la même façon qu’il est régulier, dans toute l’Australie pour un très grand nombre d’initiations générales des mâles de la tribu[1].

Pour un certain nombre de cas d’initiation par des magiciens nous ne possédons que des informations sommaires, mais l’essentiel est pourtant indiqué. Il s’agit toujours bien, de la part des initiateurs, de communiquer, à la façon des esprits, au nouveau magicien une nouvelle vie, une qualité nouvelle, marquées par la possession interne de ces pierres magiques et de ces os magiques. C’est ainsi que chez les Pitta Pitta du Queensland[2], les os et cristaux retirés par un magicien du corps d’un nouvel initié, peuvent servir à faire un autre initié encore. Grey semble nous indiquer des faits du même genre à propos de la tribu de Perth[3].

V

LES RAPPORTS ENTRE L’INITIATION PAR RÉVÉLATION
ET L’INITIATION PAR TRADITION MAGIQUE

Les liens qui unissent les deux modes d’entrée dans la profession magique paraissent, en somme, infiniment plus étroits que la nature même des circonstances ne le faisait supposer.

  1. Sur cette initiation, voir Frazer, Golden Bough, 2e éd., II, p. 342-357. On some ceremonies of central Australian Tribes, Proc. Austr. Ass. for the Adv. of. sc., 1904, p. 318.
  2. Roth, Ethn. Stud., p. 153, Superstition, p. 29.
  3. Two expeditions, II, p. 252, 254.