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ait gonflé, puis met d’autres organes neufs à la place, et encore d’autres pierres atrongara. Enfin, il gifle le corps du novice » — ainsi l’on réveille l’hystérique — « et le ressuscite. Puis il lui fait boire de l’eau contenant des pierres atnongara, et manger des mets contenant aussi de ces pierres. Ilpailurkna avait tout oublié. Le vieux le reconduit au camp et lui montre une femme qu’il ne reconnaît pas. Cette femme était la sienne. »

Les mêmes faits nous sont racontés d’une façon beaucoup plus circonstanciée par nos auteurs quand il s’agit de la troisième classe des « hommes-médecine » Arunta[1], c’est-à-dire de la classe des magiciens initiés par d’autres magiciens. Les détails sont ceux du rituel des Arunta du Sud (cours supérieur de la Finke). Le jeune homme[2] s’adresse à deux magiciens initiés autrefois l’un par les (un ?) Iruntarinia, l’autre par un Oruncha (esprit plus spécialement mauvais). Celui-ci et un autre individu l’emmènent dans un endroit désert, et là le soumettent à diverses opérations qu’il doit subir dans le plus parfait silence. La première consiste à introduire dans le corps du futur magicien des pierres magiques, des cristaux Ultunda[3]. Ces pierres sont extraites du corps des magiciens, et ceux-ci les pressent lentement, par trois fois, et fortement, de façon à écorcher la peau, le long du corps du candidat, depuis la face antérieure de la jambe en remontant jusqu’à la poitrine[4]. Cela a pour effet de faire pénétrer dans le corps du nouveau magicien les pierres Atnongara. Diverses autres cérémonies ont encore exactement la même portée : la première consiste soi-disant à lui lancer de loin des morceaux de cristal dans la tête ; puis on recommence les frictions sanglantes

  1. Spencer et Gillen, N. T. C., p. 526 et suiv.
  2. MM. Spencer et Gillen nous relatent heureusement un fait précis, mais omettent de nous dire s’ils ont bien tout observé, et dans quelles conditions.
  3. Nom des pierres Atnongara dans cette partie de la tribu.
  4. Cas de la règle qui veut que le sens ces frictions, en magie, ne soit pas indifférent.