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connues, par deux livres successifs de MM. Spencer et Gillen[1] ; l’un d’eux a pu observer cette tribu pendant vingt ans, en qualité de surveillant ; tous les deux sont réputés, pleno jure, membres de la tribu et initiés à tous les mystères[2]. Certainement, les descriptions qu’ils nous font de l’initiation du magicien par les esprits sont fondées sur nombre de récits personnels authentiques[3]. Il existe trois classes de magiciens chez les Arunta, dont une seule est initiée par les autres magiciens[4]. Des deux classes initiées par révélation, l’une l’est par les Iruntarinia, l’autre l’est par les Oruncha. Ceux-ci sont des esprits locaux plutôt méchants, à caractère plutôt animal, des sortes d’ogres[5] ; ils vivent isolés. Ils initient le magicien de la même façon que les autres esprits[6]. Nous nous bornons donc à étudier en détail l’initiation par les Iruntarinia.

Ceux-ci sont des esprits d’une nature singulière et dont la personnalité mythique est des plus mal déterminées[7]. Étrangement confondus avec les âmes des ancêtres, perpétuellement réincarnés[8] en leurs descendants, et, par conséquent, confondus avec les doubles des vivants[9], ils sont

  1. Native Tribes of Central Australia, 1899 (dorénavant N. T.) ; Northern Tribes of Central Australia, 1904 (dorénavant N. T. C.). Les documents contenus dans le Report of the Horn Expedition, sect. II, Anthropology, et qui proviennent de M. Gillen, par l’intermédiaire de M. Stirling, sont trop sommaires pour valoir d’être cités.
  2. N. T. C., préface, p. XIV.
  3. Malheureusement les noms des informateurs ne sont pas tous donnés, et la critique de leur témoignage n’est pas faite avec tous les développements voulus, dans le livre même.
  4. Voir plus haut, p. 140, n. 2.
  5. Sur les Oruntcha, ou Oruntja, voir N. T., p. 442 : cf. p. 326 à 334 : N. T. C., p. 444 sq.
  6. N. T., p. 526 : cf. p. 334, répétition dans les mêmes termes, avec l’addition suivante : « L’homme est laissé dans un état de stupéfaction. »
  7. Sur les Iruntarinia, voir surtout N. T., ch. xv et passim, surtout p. 523 et suiv., N. T. C., p. 451.
  8. Voir surtout N. T. C., p. 421.
  9. Voir surtout N. T., p. 543, confusion de l’Iruntarinia et de l’Arumburinga.