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la réputation d’être composé de véritables sorciers, alors que, par rapport à la tribu elle-même, ce clan ne remplit qu’un rôle licite, régulier[1] ; on aurait donc pu, si l’on s’en était tenu à ces renseignements indirects, admettre que la tribu des Boandick avait des magiciens, faiseurs de pluie héréditaires. Les faiseurs de pluie Miorli auxquels s’adressent les Pitta-Pitta de Boulia[2] sont probablement aussi les hommes d’un clan ou d’un sous-clan totémique ; en tout cas, les faiseurs de pluie Mallanpara de la rivière Tully inférieure le sont certainement[3]. Même certaines tribus, où l’organisation totémique a presque disparu, n’en ont pour ainsi dire conservé de traces que pour nous empêcher de classer, autre part que parmi les rites religieux des clans, les cérémonies pour la fabrication de la pluie, et pour nous empêcher de voir, parmi les producteurs héréditaires de celle-ci, le véritables magiciens dont nous puissions dire qu’ils sont tels par droit de naissance. Nous voulons surtout parler des Kurnai du Gippsland. Justement M. Howitt insiste sur le caractère régulier et quasi religieux de leurs rites concernant la pluie[4] ; chaque clan local a régulièrement pouvoir sur une des directions d’où peut venir la pluie, et son maître de la pluie ou du vent pour la faire tomber[5]. D’ailleurs, même si ces derniers personnages étaient bien des magiciens, il ne serait nullement prouvé que, dans leur cas, leur pouvoir serait un don inné, car, précisément, M. Howitt nous dit qu’il faut des « conditions favorables pour qu’il devienne hérédi-

  1. À rapprocher en particulier Mrs C. Smith, The Boandik tribe of South Australian Aborigines, etc., Adélaïde, 1878, p. ix et x, de Dawson, Australian Aborigines, p. 76-77.
  2. W. Roth, Ethnological Studies among the North West Central Queensland Aborigines, Brisbane, 1897, p. 167 et suiv. ; Superstition, Magic, etc., p. 9 et 10, no 18.
  3. W. Roth, Superstition, Magic, etc. p. 9, no 16.
  4. A. M. M., p. 35, cf. p. 24 ; de même chez les Wotjobaluk où le faiseur de pluie n’est pas nécessairement « bangal », id., ibid., p. 35.
  5. A. M. M., p. 35 ; Fison et Howitt, Kamilaroi and Kurnai, p. 211, 231, 232, note.