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tourbillon fulgurant[1] ; il y a ensuite l’idée des pierres atnongara, pierres magiques, que le magicien porte dans son corps, et avec lesquelles il peut produire, en les extrayant de soi et en les dirigeant, les effets qu’il veut, curatifs et autres[2]. Il y a peut-être lieu de penser qu’il doit y avoir des relations, plus étroites qu’il ne paraît, dans ces mêmes tribus, entre ces deux notions : celle des substances magiques internes, et celle de l’émanation des forces magiques. Peut-être certaines émissions d’arungquiltha se confondent-elles dans l’esprit des indigènes avec le départ des pierres atnongara[3]. Mais nous n’émettons cette hypothèse que pour en provoquer la vérification par des ethnographes travaillant sur place. Les autres tribus qu’ont observées MM. Spencer et Gillen semblent vivre sur les mêmes croyances[4].

Nous craignons d’allonger la liste des tribus où nous pensons, d’après des textes malheureusement insuffisants, qu’on trouverait des croyances du même genre que celles des Arunta et des Kabi[5]. D’ailleurs le caractère encore

  1. Spencer et Gillen, The Native Tribes of Central Australia, p. 566, 647 et surtout p. 548, n. 1, 548 et suiv., 550 et 552, etc. ; Spencer et Gillen, The Northern Tribes of Central Australia, 1903, p. 458, 470, 746, etc.
  2. Spencer et Gillen, Nat. Tribes, (dorénavant N. T.), p. 647, etc. : Nort. Tribes (dorénavant N. T. C.), p. 480, 401, et glossaire, etc., sur le mode d’action de ces pierres atnongara, voir surtout N. T., p. 532 et suiv. : ces pierres s’appellent ultunda, dans la partie sud de la tribu, p. 527, 528. Outre les pierres atnongara, il existe encore chez les Arunta, des notions plus précises, entre autres celles d’une espèce de lézard « répandu dans le corps du magicien » (?) et qui lui donne ses facultés de succion, N. T., p. 531 ; chez les Warramunga, c’est un serpent qui habite le corps du magicien, N. T. C., p. 485, 486.
  3. Voir surtout Spencer et Gillen, Native Tribes of Central Australia, p. 540 et suiv. Cf. une tradition Warramunga, N. T. C., p. 429, où des cristaux sont identifiés à des esprits.
  4. Unmatjera et Kaitish, N. T. C., p. 486 ; Kaitish, Warramunga, ibid., p. 467 ; Worgaia, Gnanji, p. 467, cf. glossaire, ad « mauia », p. 753 ; normalement d’ailleurs le magicien peut faire des maléfices ; mais son pouvoir, ses pierres ont surtout pour fonction de contrarier la « magie » des autres (N. T. C., p. 479).
  5. À rapprocher des notions (Kurnai) du bulk, du yulo (Wotjobaluk), du mung (Woivorung), du yaruk (Wotjobaluk), Howitt, A. M. M., p. 31, 40 ; Australian Beliefs, J. A. I., XIII, p. 194.