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INTRODUCTION

Hat der Alte Hexenmeister
Sich doch einmal wegbegeben !
Und nun sollen seine Geister
Auch nach meinem Willen leben !
Seine Wort’ und Werke
Merkt’ ich, und den Brauch,
Und mit Geistesstärke
Thu’ ich Wunder auch.

Gœthe, Ballades ; der Zauberlehrling.

La question de l’initiation du magicien dans les sociétés dites primitives est une des premières que la science comparée des religions ait posées.

Les pionniers de l’anthropologie et de l’ethnologie religieuses, Bastian[1], Tylor[2] l’ont indiquée ; Stoll[3], Achelis[4], Bartels[5], ont rassemblé à son propos un nombre assez considérable de documents : les deux premiers parce que ce fait se présente fréquemment sous la forme de phénomènes d’extase et de suggestion ; l’autre, parce que la fonction de magicien et celle de médecin coïncidant souvent, l’entrée dans la carrière magique l’intéressait forcément.

Il est très remarquable qu’un fait aussi connu ait été presque perdu de vue, lorsqu’on a tenté, dans ces derniers temps, de faire une théorie de la magie. Que la plupart des rites magiques aient été pratiqués, dans des sociétés primitives, par des magiciens qualifiés, initiés régulière-

  1. Bastian, Allerlei aus Menschen-und Völkerkunde, 1884.
  2. Tylor, La civilisation primitive, trad. fr., Paris, 1878, II, p. 868 et suiv.
  3. Stoll, Suggestion und Hypnotismus in der Völkerpsychologie, 2e éd., 1906, p. 15 et suiv.
  4. Achelis, Die Extase, 1902, p. 50 et suiv.
  5. Bartels, Die Medizin der Naturvölker, 1893, passim, à partir de p. 44.