Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui des daims[1] pratiqué par la confrérie des chasseurs, à laquelle le clan du daim fournit un certain nombre de ses prêtres[2]. Celle-ci est une des quatre confréries primaires qui remplacent les quatre clans de la deuxième division du pueblo de Zuñi[3]. Cette confrérie correspond donc à un clan et son culte à un culte de clan. Les prêtres qui la composent sont les gardians des « semences du gibier », comme ceux des cultes agraires sont « gardiens des semences du maïs[4] ». Les clans ont donc à Zuñi, au moins par l’intermédiaire des confréries qui se recrutent chez eux, des pouvoirs analogues à ceux des clans australiens, maîtres et responsables, à l’égard de la tribu, des espèces comestibles[5]. D’autre part, le daim est généralement traité comme un totem. Chaque fois qu’on rapporte un daim dans Zuñi, on ne peut en manger que lorsque la confrérie des chasseurs lui a rendu le culte qui lui revient. En dehors de ce culte régulier[6], il y a lieu, lorsqu’on veut fabriquer des « masques et idoles » en peau de daim, de procéder à une chasse, qui aboutit à des sacrifices[7].

Voici comment on procède. On plante une palissade, aux deux extrémités de laquelle on creuse des pièges. Deux chasseurs accoutrés de façon à figurer des daims, affublés d’une tête de daim, représentent par leur mimique la démarche de l’animal. La battue commence. Quand un daim est débûché,

  1. Stevenson, Z. I., p. 439, sq.
  2. Cushing, Zuñi Creation Myths, 15th Ann. Rep. Bur. Amer. Ethno., p. 387, 388, p. 370 : Stevenson, Z. I., p. 408, 409.
  3. Cushing, Z. C. M., p. 371. Le rôle qu’y joue le clan du coyote, lequel semble d’ailleurs y faire bande à part (Stevenson, Z. I., p. 440, p. 409), n’a rien d’étonnant, car ce clan qui ne fait plus partie du groupe de l’Ouest, a dû changer de place, voy. Durkheim et Mauss, Classifications, p. 38.
  4. Cushing, o. l., p. 387.
  5. Stevenson, o. l., p. 440, 441.
  6. Mrs Stevenson, o. l., p. 441. Nous ne savons pas si, en temps ordinaire, il est défendu aux membres du clan de manger de leur totem.
  7. La confrérie accomplit une autre chasse sacrificielle, celle des lapins ; mais celle-ci ne se rattache pas aux cultes totémiques, Mrs Stevenson, o. l., p. 92, 442.