Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est vraiment essentielle. Une fois qu’il s’est déchargé sur elle, il tend, au contraire, à la fuir ainsi que tout le milieu où s’est passée la cérémonie. Pour cette raison, les rites de sortie sont développés. Les rites de ce genre que nous avons signalés dans le rituel hébreu ne nous ont été présentés que pour des sacrifices expiatoires. Après le premier sacrifice qui l’a purifié, le lépreux doit compléter sa purification par une ablution supplémentaire et même par un nouveau sacrifice[1]. Au contraire, les rites d’entrée sont restreints ou manquent. Le sacrifiant étant déjà investi d’un caractère religieux n’a pas à l’acquérir. La religiosité dont il est marqué s’abaisse progressivement depuis le commencement de la cérémonie. Le mouvement ascensionnel que nous avons trouvé dans le sacrifice complet est rudimentaire ou fait défaut. Nous nous trouvons donc en présence d’un autre type, dans lequel entrent les mêmes éléments que dans le sacrifice de sacralisation ; mais ces éléments sont orientés en sens contraire et leur importance respective est renversée.

Dans ce qui précède, nous avons supposé que le caractère sacré dont était marqué le sacrifiant au début du sacrifice était pour lui une tare, une cause d’infériorité religieuse, péché, impureté, etc. Mais il y a des cas où le mécanisme est exactement le même et où pourtant l’état initial est pour le sacrifiant une source de supériorité, constitue un état de pureté. Le nazir[2], à Jérusalem, était un être parfaitement pur ; il s’était consacré à Jahwe par un vœu à la suite duquel il s’abstenait de vin et ne coupait plus ses cheveux. Il devait se garder de toute souillure. Mais, une fois arrivé au terme de son vœu[3], il ne pouvait s’en dégager que par un sacrifice. À cet effet, il prend un bain

  1. Lév. XIV, 10 sqq.
  2. Nombres VI, 13 sqq.Talmud J., Traité Nazir (Schwab, t. IX. p. 84, sqq.).
  3. Talm., Nazir, I, 2. Le nazir offre le même sacrifice quand il allège sa chevelure devenue trop lourde.