Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pée, on la jette au feu[1], au milieu de bénédictions, de révérences et après que les invocations nécessaires ont été faites. C’est une nouvelle part pour les dieux. Cette seconde attribution est elle-même traitée comme une sorte de sacrifice complet[2] ; c’est ainsi qu’on s’excuse auprès de la vapâ, comme on avait fait auprès de la victime au moment de l’immolation. — Cela fait, on revient à la bête, on l’écorche et, dans ses chairs, on découpe dix-huit morceaux[3], que l’on fait cuire ensemble. La graisse, le bouillon, l’écume[4] qui surnagent[5] dans le pot où a lieu cette cuisson, est pour le dieu ou le couple de dieux auquel s’adresse le sacrifice : on sacrifie tout cela dans le feu. Ce qu’on détruit ainsi représente formellement encore une fois la victime tout entière[6], c’est une nouvelle élimination totale de la bête qui se trouve effectuée de cette manière. — Enfin, sur les

    Rig-Veda, IV, p. 303. — Bergaigne, Hist. de la Liturgie védique, p. 18, considère cet hymne comme récent parce qu’il est formé de vers de mètres variés, c’est-à-dire d’une série de formules entièrement séparées. (Voir Oldenberg, Vedic Hymns, S. B. E., XLVI, p. 283.) Ce fait est incontestable ; les formules sont de diverses sources et ont été colligées tardivement. Mais les formules sont bien antérieures à l’hymne. De telle sorte que, si l’hymne n’a pas d’unité de rédaction, il présente une unité d’objet et la façon naturelle dont il a été composé démontre qu’il se rattache à un des rites les plus anciens. — L’hymne décrit fort exactement tous les détails de l’opération (Cf. T. S., 6, 3, 9, 5 et Ç. B., 3, 2, 2, 11). À ce rite sacrificiel des plus importants les brahmanes ont trouvé une signification naturaliste.

  1. Âp., VII, 22, 2.
  2. Tous se lavent. Âp., VII, 22, 6. = Kâty., 6, 6, 29. = Açv., 3, 5, 1 et 2. Les mantras sont T. S., 4, 1, 5, 1. = R. V., X, 9, 1 à 3. La V. S., VI, 16 donne le même texte que A. V., VI, 89. Ce dernier mantra exprime la délivrance de la maladie du péché, de la mort, de la malédiction, divine et humaine. — C’est d’ailleurs le sacrifice de la vapâ, qui marque, dans le cas où le sacrifice a pour but de racheter un homme, le moment précis du rachat.
  3. Voir Schwab, Thieropf., n. 98, p. 126 sqq.
  4. Voir Schwab, Thieropf., p. 141, no 1 : cf. Ludwig, Rig-veda, IV, p. 361. — Voir Âp., VII, 23, 7 sqq. ; Ç. B., 3, 8, 3, 10, Eggeling, ad loc.
  5. Âp., VII, 25, 8.
  6. T. S., 6, 3, 11, 1 Pendant la sacrification on récite : R. V., VI, 60, 13 ; I, 109, 7 et 6. = T. B., 6, 3, 11, 1 sqq., formules de glorification aux dieux, décrivant la façon dont ils agréent l’offrande et la consomment une fois qu’elle leur est parvenue.