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plus matériels ; c’étaient, par exemple, l’aspersion du sang[1], l’application de la peau[2], des onctions de graisse[3], le contact des résidus de la crémation[4]. Parfois, l’animal était coupé en deux et le sacrifiant passait au travers[5]. Mais le moyen de réaliser la communication la plus parfaite était d’abandonner au sacrifiant une part de la victime, qu’il consommait[6]. Il s’assimilait les caractères du tout quand il en mangeait une parcelle. D’ailleurs, de même qu’il y avait des cas où tout était brûlé par le dieu, il y en avait d’autres où le sacrifiant recevait la totalité de l’oblation[7].

Toutefois, ses droits sur la partie de la victime qui lui était abandonnée étaient limités par le rituel[8]. Il devait très souvent la consommer dans un temps donné. Le Lévitique permet de manger le lendemain de la cérémonie les restes de la victime du sacrifice du vœu (neder) et du sacrifice désigné par le nom de nedabâ (offrande volontaire). Mais s’il y en avait encore le troisième jour, ils devaient être brûlés ; celui qui en mangeait péchait gravement[9].

    cipe : « le sacrifice appartient aux dieux, la bénédiction au sacrifiant » : Çat. B., 2, 3, 4, 5.

  1. Lév. XIV, 7. — Wellhausen, Reste des Arabischen Heidenthums, p. 174 (initiation). — En Grèce : Xénophon, Anab., II, 2, 9 (serment). Frazer, Pausanias, t. III, p. 271, p. 593 (purification).
  2. Luc., Dea Syria, 55. Paus., I, 34, 3 (on se couche sur la peau de la victime). Cf. Frazer, Pausanias, t. II, p. 476. — Δίος κῴδιον : Stengel, op. cit., p. 146. Cf. Lenormant, Gaz. Archéol., 1884, p. 352 ; R. Smith, Rel. Sem., p. 937, 438.
  3. Rob. Smith, op. cit., 383-4.
  4. Cendres de la vache rousse qui servent aux eaux de lustration : Nomb. XIX, 9. — Ovide, Fastes, IV, 639, 725, 733.
  5. Voir plus haut ; Jér. XXXIV, 18 sqq. : cf. Rois, XVIII, 336. Le rite semble avoir fait partie d’un sacrifice sacramentaire, symbolique d’un contrat. Cf. Gen. XIII, 9 sqq.Plut., Qu. Rom., 111.
  6. On sait que le nom technique des chairs du zebaḫ shelamim, etc. qu’on pouvait consommer dans Jérusalem était celui de Qedashim = saintetés (Cf. LXX, κρέα ἅγια) ; Jér. XI, 15. Cf. Rob. Smith, Rel. Sem., p. 238.
  7. Dans le zebaḫ shelamim, en dehors des parties réservées, les sacrifiant a droit au tout.
  8. Voir Rob. Smith, Rel. of Sem., p. 237 sqq.
  9. Lév. VII, 15-18 ; XIX, 5-8 ; Ex. XXIX, 34. Cf. Mannhardt, W. F. K., II, p. 250. — Frazer, Gold. B., II, p. 70.