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sacrée ou la figure du dieu[1]. En Grèce, dans les sacrifices aux divinités aquatiques, on faisait couler le sang dans l’eau[2] ; ou bien après avoir été recueilli dans une coupe, il était versé à la mer[3]. — Quand la victime avait été dépouillée, on pouvait revêtir de sa peau l’idole[4]. Ce rite était particulièrement observé dans les cérémonies où l’on sacrifiait un animal sacré quelle que fût, d’ailleurs, la forme donnée à l’idole[5]. — En tout cas, on présentait la victime tuée comme on l’avait présentée avant la consécrations[6]. Dans l’‘olâ, les aides, après avoir coupé la victime en morceaux, les apportaient avec la tête au prêtre officiant qui les mettait sur l’autel[7]. Dans les shelamim, les parties présentées recevaient des noms significatifs : teroumâ, offrande élevée, tenouphâ, offrande tournée[8].

L’incinération était un autre moyen. Dans tous les sacrifices hébreux, de même que le sang était entièrement attribué par voie d’aspersion ou d’effusion[9], la graisse et les viscères étaient brûlés au feu de l’autel[10]. Les portions

  1. L’usage de peindre en rouge certaines idoles provient sans doute de ces onctions primitives. Voir Frazer, Paus., t. III, p. 20 sqq. ; Hérod., IV, 62 ; Sprenger, Das Leben und die Lehre des Mohammad, t. III, p. 457 ; Miss Kingsley, Travels in West Africa, p. 454, Marillier, Rev. Hist. des Relig., 1898, I, p. 222, etc.
  2. Stengel, op. cit., p. 124. — Michel, Recueil d’inscriptions grecques, 714, 37 (Mykonos). Cf. Rev. Mart. J. Hall, Through my spectacles in Uganda, Lond., 1898, p. 96, 97 (Bagandas).
  3. Athénée, VI, 261, D.
  4. Rob. Smith, Rel. Sem., 435 sqq. — Cf. Müller-Wieseler, Denkmäler, I, pl. LIX, images de Héra Αἰγοφάγος.
  5. Ex. à Thèbes, Hérod., II, 42.
  6. Varro, De R. R., I, 29, 3.
  7. Lév. I, 6, 8, 9 ; IX, 18. — Ex. XXIX, 17. — Les os ne devaient pas être brisés : Ex. XII, 46 ; Nomb. IX, 12.
  8. Lév. VII, 14 ; IX, 24 ; X, 14, 15 ; XIV, 12, 21.
  9. Voir plus haut, p. 51. On connaît les interdictions bibliques de manger le sang qui est la vie, et qui appartient à Dieu : I Sam. XIV, 32, 33 ; Deut. XII, 23 ; Lév. XVII, 11 ; Gen. IX, 2-5. Cf. Virg., Géorg., II, 484. Servius, ad Æn., III, 67 ; V, 78. Cf. Ellis, Ewe Speaking peoples, p. 112. Cf. Marillier, La place du totémisme, etc., Rev. d’Hist. des relig., 1898, I, p. 351.
  10. Lév. III, 3, 4, 16 sqq. ; VII, 23 ; IX, 19, 28 ; pour les shelamim, Lév.