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LABRADOR ET ANTICOSTI

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Jusqu’à la fin des temps, nos bien chers amis les Anglais désigneront la Malbaie par le nom très britannique de Murray Bay. De même, ils ont escamoté une lettre du mot Tadoussac ; et lors même qu’il n’y aurait plus sur la terre qu’un seul Anglo-Saxon, il s’obstinera à écrire : Tadousac. Même, il y a de nos compatriotes assez oublieux de notre glorieuse histoire, pour imiter les Anglais, et dire aussi : Murray Bay, Tadousac ! Eh bien, le mot Betsiamis n’existe pas non plus pour les Anglais. Ils en ont fait, Bersimis. Et ceux des nôtres qui tiennent à faire connaître qu’ils savent l’anglais, ne manquent pas de dire « Bersimis », avec tout ce qu’ils peuvent y mettre d’accent britannique.

Mais les circonstances ont joué un joli tour à tout ce monde-là. Sur la rive droite de la rivière Betsiamis, à l’embouchure même, il s’est formé un établissement industriel. On aurait pu appeler cela Betsiamis-Ouest ; mais les Anglais se sont tellement mêlés de cette affaire d’industrie et de commerce, qu’il a fallu y mettre du Bersimis tant qu’ils en ont voulu. Or, aujourd’hui, ce village se nomme très légitimement Bersimis ; et la bourgade montagnaise de la rive gauche retient son nom de Betsiamis. C’est un détail qu’il importe de retenir, si l’on tient à paraître convenablement renseigné en géographie.

Le village de Bersimis[1] doit son existence à l’exploitation forestière que la société Girouard et Beaudet, de Québec, y commença vers 1875. Un touriste, qui visita cette localité en 1883, racontait[2] qu’il y avait là une population de 350 à 400 âmes, ayant une chapelle, une école, et un magasin général. Cette mission, nommée Saint-Élisée de Bersimis, était desservie par l’abbé Bruno Desjardins, dont la juridiction curiale s’étendait jusqu’à Moisie, du côté de l’est.

Une grande scierie à vapeur, des quais considérables, une

  1. Le nombre total des confirmés, à Betsiamis et à Bersimis, fut de 160.
  2. Journal le Saguenay, 14 août 1883.