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LE DEVOIR DES GOUVERNEMENTS

d’une bonne route qui suivrait toute la côte et mettrait tous ces hameaux isolés en communication facile les uns avec les autres. Énoncer cette demande, cela suffit, à ce qu’il semble, pour faire voir tout de suite combien elle est raisonnable.

Se doute-t-on seulement, dans la Province, qu’il y a une lisière d’endroits habités, longue de quatre à cinq cents milles, où l’on ne peut voyager par terre, faute de chemins et faute de ponts sur les rivières !

Voilà bien, du moins en partie, le plaidoyer que j’allais adresser au gouvernement de Québec, au nom de la population de la Côte Nord, pour obtenir la confection d’une route tout le long du fleuve et du golfe, à partir de Betsiamis.

Mais, en cette affaire comme dans celle de la prolongation de la ligne télégraphique, je comptais sans le zèle qui dévore nos gouvernements pour le bien public ! Si peu de pays sont autant gouvernés que le Canada, il y en a peu, aussi, qui le soient aussi bien !

Dès l’année 1896, le gouvernement de Québec faisait ouvrir une route depuis la baie de la Trinité jusqu’à la rivière Pentecôte, une distance d’environ vingt-cinq milles. Voilà donc que l’on a adopté « le principe » d’une amélioration si considérable. Chaque année, on pourra, dans un sens ou dans l’autre, prolonger le chemin, et dans un temps encore assez court toute la Côte jouira de la facilité relative des communications par voie de terre. — Et, après cela, les gens raconteront, sans qu’on ajoute beaucoup de foi à cette légende, qu’il fut un temps où toute la Côte était habitée, sans qu’il y eût seulement dix milles de chemin à travers cette immense région.

D’autre part, s’il allait arriver que l’on s’arrêtât en si beau chemin, s’il arrivait qu’on laissât inachevés le télégraphe et la route du Labrador, j’avertis les gouvernements d’Ottawa et de Québec que, dans la deuxième édition de ce volume, je les accablerai de nouveaux arguments pour les engager à faire leur devoir, et aussi de tous les reproches qu’ils auront mérités.