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LE DEVOIR DES GOUVERNEMENTS

tions de cette sorte. Mais nous sommes entrés là sur le domaine particulier des représentants de cette division électorale, et il convient de ne les gêner en rien dans l’exploitation de cette ressource, utile pour discipliner des électeurs peu dociles ; ressource, du reste, qui n’est pas infaillible. En effet, des gens qui manœuvrent leur canot comme le cavalier fait son cheval, des gens qui passent la moitié de leur vie sur l’eau, apprécient sans enthousiasme l’avantage qu’il y aurait à s’en aller à pied jusqu’au steamer ou jusqu’à la goélette amarrée le long de terre. C’est à savoir, même, s’ils ne trouveraient pas ce mode d’embarquement tout à fait contraire à leur dignité !

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Exposons à présent aux gouvernants de Québec de quelle façon ils pourraient, de leur côté, contribuer au bonheur des habitants de la Côte Nord.

Avant tout, je crois pouvoir affirmer que le gouvernement provincial n’a pas jusqu’ici fait de grands sacrifices pour cette immense région. Il a assuré, il est vrai, la fondation et le maintien du couvent de la Pointe-aux-Esquimaux ; il a aidé à l’établissement d’écoles dans les diverses localités ; de temps à autre, il a envoyé de généreux secours à certains groupes de pêcheurs que la famine menaçait. Ces bienfaits sont assurément dignes de mention. Mais on admettra que les autres districts de la Province en ont reçu de semblables, ce qui ne les a pas empêchés de se voir favorisés encore de plusieurs autres façons. Que voyons-nous, en effet, dans tous ces districts ? Un réseau complet de routes plus ou moins parfaites, qui s’étendent même jusque dans les endroits le plus nouvellement habités ; des ponts de fer ou de bois jetés sur tous les cours d’eau traversés par ces voies de communication ; enfin de nombreux chemins de fer, construits pour la plupart avec l’aide du trésor provincial, et qui rendent les plus grands services à la population.