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LES HABITANTS DE LA CÔTE-NORD

colonie, après la cession à l’Angleterre, que la condition présente du Labrador. Dans les deux situations, il n’y a que deux classes de représentées : le clergé et les travailleurs. Ce qu’était le prêtre au milieu de nos pères, il l’est encore parmi la population côtière du Golfe. Il est à peu près le seul homme instruit qu’il y ait dans ces missions, pour ne pas parler des agents des Compagnies, qui sont presque tous de race, de langue et de religion différentes des nôtres. C’est à lui que l’on a recours dans les difficultés de tout genre ; en lui on a confiance, dans la prospérité comme dans l’adversité. Ses avis sont toujours reçus avec déférence. Il n’est pas une famille qui ne regarde sa visite comme un honneur et une bénédiction. Heureux peuples et heureux pasteurs ! Puissent d’aussi excellentes relations durer toujours, pour le bonheur des uns et des autres !

* * *

Les populations se montrent surtout zélées pour la construction et la décoration de leurs églises. Ces églises ne sont le plus souvent que d’humbles chapelles en bois, bien petites et bien pauvres. Il y en a à tous les endroits où s’est établi un groupe même peu considérable de familles. Si l’on ne peut partout avoir un prêtre résidant, au moins partout l’on veut avoir une chapelle, où se feront les offices religieux, quand le missionnaire viendra ; et il y viendra, puisqu’il y aura une chapelle !

Malheureusement, ces visites du missionnaire ne peuvent être fréquentes : car il doit partager son ministère entre plusieurs postes également pourvus de chapelles. Et ainsi l’on ne pourra assister à la sainte Messe que tous les mois, ou plus rarement encore.

Mais cela n’empêche pas que l’on sanctifie le dimanche, sur la Côte Nord, même lorsque l’on est privé de la présence du missionnaire. À l’heure où aurait lieu la messe paroissiale, si le prêtre y était, toute la population se réunit à la chapelle. Là,