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LABRADOR ET ANTICOSTI

mage n’est assurément point banal ; et l’on peut parfaitement appartenir à la Société royale du Canada, on peut devenir, plusieurs fois de suite, député à l’Assemblée législative, et même se voir appelé à prendre part aux délibérations du Sénat ; que dis-je ? il est possible que l’on soit longtemps ministre de Sa Majesté, sans jamais se voir « planter un mai » par ses concitoyens. Eh bien, le missionnaire de Natashquan fut l’objet, de la part de ses paroissiens reconnaissants, de cet honneur que l’on accorde quelquefois, aujourd’hui encore, en certaines paroisses, à un concitoyen qui s’est distingué de quelque façon. Mais ce ne fut pas tout. Le jour de Noël, on présenta au missionnaire une belle « adresse » et la somme de quarante-neuf piastres pour travailler aussi à la seconde aile de l’église.

Pour terminer l’histoire religieuse de Natashquan, disons qu’en 1895, s’ils en avaient obtenu la permission de Monseigneur l’évêque, les gens auraient voulu remplacer par un édifice nouveau leur ancienne église, qui est trop grande de moitié. Voilà, certes, un motif que l’on n’invoque pas souvent, dans les requêtes adressées aux évêques pour obtenir l’autorisation de bâtir de nouvelles églises ! Aussi bien, cela montre que la population est encore loin d’avoir réparé les pertes que lui a fait subir l’émigration de 1886. Du reste, si l’on voulait bâtir une église neuve, ce n’était pas surtout parce que l’église actuelle est trop vaste, mais bien parce qu’on n’osait pas faire les frais de la terminer, pour la voir peut-être toute ensablée dans dix ans. Car la question du sable est ici une question sérieuse, comme je le dirai plus loin. Quoi qu’il en soit, Monseigneur n’a pas trouvé que l’exécution du projet fût si urgente ; et la proposition a été renvoyée « à six mois ».

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L’agriculture à Natashquan : il n’y a pas à écrire des volumes sur ce sujet. En résumé, « la terre n’est bonne à rien, ici, » m’a