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NATASHQUAN

barrassante. Les arbres de ce pays reculé, surtout au bord de la mer, sont de petite taille ; ceux de l’intérieur valent mieux (tout en ne rappelant que de fort loin les pins de la Californie) ; mais encore les faut-il tirer de là, et l’opération n’est pas une partie de plaisir, quand il n’y a pas deux arpents de chemin et que l’on ne possède pas un seul cheval. Or, il arriva que deux navires chargés de bois firent naufrage, à dates rapprochées, dans les environs. Messieurs les Anglais, qui ont de l’argent, achèteront facilement d’autre beau bois, qu’auront coupé dans les forêts de l’Ottawa nos vigoureux bûcherons canadiens, et que les hommes de cages descendront à Québec, par le beau fleuve, en chantant les chansons canadiennes et en lançant à tous les échos, hélas ! force jurons à faire trembler les Laurentides !… Toujours est-il que voilà les gens de Natashquan avec du bois marchand à leur porte, pour construire leur chapelle. Et la chapelle s’éleva, à l’endroit même qu’avait souhaité M. Ferland.

Cette chapelle, agrandie plus tard, sert encore d’église à Natashquan.

Le 10 mai 1861, Mgr  Baillargeon, coadjuteur de Québec, nommait M. E.-M. Fournier missionnaire de Natashquan, « où résident, disait Sa Grandeur, une vingtaine de familles venues des îles de la Madeleine ». Le nouveau missionnaire devait visiter, une fois l’hiver, une fois l’été, tous les postes du territoire qui lui était assigné, commençant à mi-chemin entre Natashquan et la Pointe-aux-Esquimaux (lieu de résidence « de son vénérable voisin Monsieur Ternet », dit la lettre de mission), et s’étendant jusqu’à l’anse au Blanc-Sablon. C’était une longueur d’environ cent lieues. Une jolie paroisse !

M. Fournier ne tarda pas beaucoup à se rendre à son poste, puisque le 29 juin, fête de saint Pierre, il bénit solennellement, avant la grand’messe, la chapelle de Natashquan et la plaça sous l’invocation de l’Immaculée-Conception.

Le presbytère fut donné à l’entreprise pour la somme de trente-cinq louis. Il était logeable le 19 octobre, au témoignage des archives.