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LABRADOR ET ANTICOSTI

les mille détails d’administration dont il fallait s’occuper, que de démarches ne s’imposa-t-il pas au dehors pour trouver les ressources qui lui manquaient, pour recruter des missionnaires et des institutrices ! Que d’appels aux gouvernements et au public charitable en faveur de sa pauvre population !

La grande difficulté, c’était de s’assurer la collaboration de sept ou huit prêtres doués de toutes les qualités du missionnaire, et qui fussent prêts à quitter le ministère relativement facile de leur diocèse pour affronter les travaux et les fatigues des dessertes du Labrador. Et puis c’était toujours à recommencer. Chaque année, deux ou trois missionnaires usaient de la liberté qu’ils avaient de quitter la Préfecture, et le Préfet avait toutes les peines du monde à les remplacer.

Cette situation ne pouvait durer indéfiniment. Aussi, sur le conseil des personnes les plus sages, Mgr Bossé se décida à prendre des mesures en vue de former lui-même des prêtres pour le service de la Préfecture. C’est-à-dire qu’il résolut de travailler à la fondation d’un petit séminaire au Labrador.

Il eut alors occasion de rencontrer, à Québec, le comte L.-G. Baillairgé, renommé par le zèle et la générosité qu’il témoignait pour les bonnes œuvres. Le Préfet lui exposa son pieux dessein. M. Baillairgé en comprit tout à fait l’importance, et donna sur-le-champ une royale aumône pour jeter les bases du futur collège qui devait porter son nom.

Mgr Bossé s’appliqua sans délai à exécuter son projet. Il prit à son presbytère quatre jeunes gens qui avaient suivi un cours d’études commerciales et qui donnaient espoir de vocation ecclésiastique. De concert avec son vicaire, qui remplissait les fonctions de vice-préfet, il commença leur instruction classique. Cela se poursuivit durant deux années, espace de temps qui permit au fondateur de se convaincre que son projet n’était pas actuellement réalisable. En effet, obligé de passer une partie de l’année en dehors de sa résidence, il ne pouvait s’occuper comme il l’aurait fallu de la formation de ces jeunes gens ; en outre, ses ressources ne suffisaient plus à leur entretien. Déjà