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MAGPIE — SAINT-JEAN

propriétaires de leurs barques, travaillent à leur compte. Les uns continuent jusqu’à l’automne à faire sécher la morue ; les autres, à la fin de la saison, la salent et la vendent en cet état. Mais généralement on ne pêche ici la morue que jusqu’à la fin de septembre.

On ne prend pas de hareng, à la Longuepointe. Quant au saumon, il y a deux rets de tendus, et on les dit assez productifs.

Quelques habitants font, l’hiver, la chasse aux animaux à fourrure, à l’intérieur des terres. L’automne et le printemps, on tue beaucoup de gibier. Car il est bon de dire, une fois pour toutes, que les îles du littoral, inhabitées par l’homme pour la plupart, servent de refuge à une très grande quantité d’oiseaux : souvent vous les voyez tournoyer au-dessus de ces îles en troupes immenses, remplissant l’air de leurs cris aigus.

Pas plus qu’ailleurs, il n’y a ici de bois de construction : on n’en trouve pas, même en s’avançant dans l’intérieur. Quant à la culture, elle se fait dans les mêmes conditions que dans les autres localités dont j’ai parlé déjà. Il faut pourtant mentionner les herbes qui croissent en abondance sur les îles ; on les coupe en septembre et en octobre, et cela fait un bon fourrage, qui est une précieuse ressource pour les gens d’ici et d’autres endroits du bas du fleuve.

À une faible distance de la côte, se trouvent plusieurs lacs qui n’ont pas de décharge autre que le sable, et l’on croit que la bonne eau douce que l’on rencontre partout dans le sol, à huit pieds de profondeur, vient précisément de ces lacs.

Il n’y a pas besoin d’être un fort géologue pour conjecturer que tous ces terrains de sable à peu près pur tirent leur origine de la mer. Mais ici, à la Longuepointe, j’en ai eu une preuve absolument sans réplique. M. Vibert m’a fait voir une côte de baleine qu’il a trouvée, en 1892, en creusant le sol, à quatre arpents de la mer. Cet os mesurait 18 pieds de longueur, et 18 pouces de largeur ; il devait donc provenir de l’une des grandes espèces de baleine. Depuis quand cette pièce anatomique, qui