Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LABRADOR ET ANTICOSTI

branchages que l’on étend les morues pour que le soleil les dessèche. Il faut les tourner matin et soir. La pluie survient-elle, on met les morues en tas pour les protéger.

Lorsque la morue est préparée, on peut l’envoyer à Halifax ou à n’importe quel marché ; mais généralement on préfère la vendre sur les lieux aux gens qui viennent l’acheter au nom de la maison « Charles Robin, Collas & Co., Limited », de Gaspé, qui a un bureau d’affaires à Moisie.

On recueille les foies de morue pour en faire de l’huile. Quand le poisson est maigre, on n’obtient que de l’huile inférieure, qui ne donne pas de bénéfices bien merveilleux. Tel a été le cas de ces dernières années.

Il n’y a pas à parler d’agriculture pour ce qui concerne les Sept-Isles. On n’y cultive que les patates.

Le missionnaire des Sept-Isles réside (1895) chez M. Virgile Bérubé, marchand, qui l’héberge gratuitement : bel exemple de générosité, portée même au point que ce digne homme tient à lui payer sa dîme chaque année, malgré la résistance du prêtre. De ce poste, le missionnaire dessert Moisie, les Jambons et Sainte-Marguerite. Il reste alternativement deux ou trois semaines aux Sept-Isles et à Moisie. Il va quatre fois par année aux Jambons, et six fois à Sainte-Marguerite.

En été, il y a les voitures d’eau pour communiquer entre ces missions. En outre, comme l’on possède quelques chevaux aux Sept-Isles et à Moisie et qu’un chemin passable existe entre ces deux villages, on se rend souvent par terre de l’un à l’autre endroit. Les équipages de luxe sont d’une grande rareté ; on n’a guère que des charrettes, dont les roues ont bien 4, 5 ou 6 pouces d’épaisseur, afin de n’enfoncer pas trop dans le sable mouvant où il faut voyager. Durant l’hiver, on ne peut se mettre en route, ici comme ailleurs, qu’à la raquette ou en cométique. Les raquettes montagnaises sont les seules employées. Quand on peut choisir le bon temps pour voyager, on arrive à faire les trajets sans trop de difficultés. Mais le missionnaire, quand il est appelé pour secourir un malade, est bien obligé de se mettre