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rien qui ressemble aux invectives audacieuses de Job, à la méprisante ironie d’Héraclite, à l’immense dégoût amené chez Salomon par la satiété. Cet Indien que tout ennuie parce qu’il doute de tout, qui ne croit même à sa propre existence que juste assez pour souhaiter d’y mettre un terme, hait la vie, non pas seulement parce qu’il n’aperçoit en elle que néant, fragilité, mensonge et contradiction, mais aussi, mais surtout, parce qu’elle est la vie, c’est-à-dire la mobilité, le changement, la rénovation, l’action en un mot, ce cauchemar des cerveaux énervés par le soleil qui les brûle.

Il n’est point étonnant que l’éternel Sunt lacrymae rerum, généralisé ainsi à l’excès, ait perdu en profondeur ce qu’il gagnait en étendue, que Buddha n’ait trouvé, ni pour le railler ni pour le maudire, des accents comparables à ceux dont résonnèrent l’Ionie et la Judée. Dans l’Inde, où la personnalité humaine, au lieu de se dédoubler en deux principes nettement distincts l’un de l’autre, quoique inti-