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« S’ils savaient que je ne suis qu’un papillon ! » pensait le roi en s’endormant.

« Brr... seigneur, » dit-il à un domestique qui s’en allait en éteignant les flambeaux : « Gardez-vous de plonger ma chambre dans les ténèbres ! » « J’ai peur » continua-t-il en claquant des dents. « N’avez-vous pas entendu craquer cette chaise ? Si c’est un mauvais génie, tuez-le, au nom du ciel. »

Papillon est éveillé par un petit enfant.

— « C’est le bois qui joue. Bonsoir, Sire. »

« Eh ! restez et fermez la fenêtre. — Pourquoi me regardez-vous ainsi ? Racontez-moi une histoire. »

— « Je tombe de sommeil. Bonne nuit, Sire. »

« Ne partez pas. J’ai froid. Ajoutez une couverture. »

— « Par ma foi, il n’en existe plus dans tout le château. Sire, reposez en paix. » Il referma la porte derrière lui.

Le lendemain, Papillon est éveillé par un petit enfant qui lui chatouille le nez avec une plume de paon.

On sait que le roi aime le plaisir, aussi s’efforce-t-on de le distraire. Papillon s’amuse des vêtements qu’on lui a préparés ; il palpe les gazes légères, pique une aigrette fine dans ses cheveux.

La toilette terminée, on ouvre toutes grandes les portes du château. Papillon s’élance dans la campagne. Il voit partout de grands feux crépitants.

« Feux de joie, » lui dit-on, car on s’est empressé de lui obéir. On a fait un grand tas des bouquins où l’on puisait une science stérile, et les voilà qui flambent joyeusement.

(Papillon est éveillé par un petit enfant.)