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ou une mauvaise odeur, et fut désillusionnée de ce qu’elle n’en avait pas du tout. Sans prendre la peine de boucher le flacon, elle ferma les yeux, ayant grande envie de dormir.

Or, le nez de Boulmiche, était rouge comme une fleur ayant vie et couleur, un coquelicot, par exemple.

Un papillon s’en vient en papillonnant. L’étourdi ! Il se pose sur le nez épanoui.

Il était agile et la fée le perdit bientôt de vue.

Boulmiche renifle et rouvre les yeux.

« Tiens, » dit-elle, en voyant l’insecte déluré qui volette avec un léger froufroutement d’ailes : « Ce papillon me dore un peu les idées. Dormons : elles deviendront... plus... gaies en...core... La tête de Boulmiche retomba sur sa poitrine. Elle ronfla comme toutes les fées qui font leur sieste.

Le papillon s’approche de la goutte de soleil. Tout-à-coup il se précipite et frrp... la boit comme une goutte de rosée (c’était un papillon gourmand).

Aussitôt la terre trembla, le papillon se réduisit en un tourbillon de feu duquel sortit un jeune homme aux boucles noires.

Boulmiche s’éveilla, prévenue par un sûr instinct. Un clin d’œil lui suffit pour se rendre compte des événements.

« Qui es-tu, » demanda-t-elle solennellement, « toi qui as bu la goutte dispensatrice de puissance et d’honneurs ? »

« J’étais papillon il y a un instant ; me voilà homme, je crois ». Boulmiche sursauta : elle entendit bourdonner à ses oreilles les paroles de la Reine des Fées : « Choisis le plus sage des hommes ! Et voilà-t-il pas qu’un insecte malfaisant... ! » À ces mots, elle se leva en tendant le poing au jeune garçon